Teddy
Bête de film
Doublement récompensé au dernier Festival du film fantastique de Gérardmer, le loup-garou Teddy surgit dans nos salles obscures. Soit la bonne surprise que le cinéma d’épouvante français, inexistant, n’en pouvait plus d’attendre. Drôle, émouvant, effrayant, ce nouveau long-métrage des frères Boukherma nous fait hurler de plaisir !
Un vent d’espoir se lève sur un cinéma français plombé par les comédies bas de plafond. Après Le Dernier Voyage et Méandre, c’est à Teddy de se frotter au “genre”. Les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma, dont c’est le deuxième long-métrage après l’étonnant Willy 1er, nous transportent dans les Pyrénées, où un loup attise la colère des villageois. Un soir de pleine lune, Teddy, jeune révolté de 19 ans, est griffé par une bête inconnue. Il est vite saisi de curieuses pulsions animales… Si le film ose les références aux classiques (La Mouche, façon Cronenberg, et sa traumatisante scène d’arrachage d’ongles) sa force est de ne pas singer les Américains. L’histoire se déroule dans la “France profonde”, ses protagonistes composent avec un contexte morose. Ainsi, Teddy (Anthony Bajon, épatant) bosse dans un salon de massage glauque pour gagner sa vie tandis que sa copine attend de passer le bac. La réalisation assume son aspect naturaliste voire surréaliste (l’ouverture évoque P’tit Quinquin de Bruno Dumont) mais joue aussi, sans ironie, la carte de l’horreur. À ce titre, la séquence finale glace le sang et imprime durablement la rétine. Non, Teddy ne manque pas de mordant.
De Ludovic et Zoran Boukherma, avec Anthony Bajon, Christine Gautier, Ludovic Torrent Noémie Lvovsky… En salle