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L’âge de raison

Zoologie © DR / MHNL

C’est l’une des plus anciennes institutions de la capitale des Flandres. Inauguré en 1822, à l’époque au Palais Rihour, le Musée d’histoire naturelle de Lille fêtera ses 200 ans en 2022. Cet âge canonique ne l’empêche pas de retrouver une seconde jeunesse. Mieux : de se réinventer. Nouvelle entrée, hall d’accueil plus vaste et confortable… Ce petit lifting préfigure de grands changements et l’élévation d’un Musée de l’homme, de la nature et des civilisations, en harmonie avec une époque bardée de défis sociétaux et écologiques.

Le charme de l’endroit est indéniable. Avec ses coursives boisées, son insectarium ou son squelette de cétacé suspendu aux poutrelles de la grande galerie, le Musée d’histoire naturelle de Lille tient autant du cabinet de curiosités que du lieu de connaissance scientifique. D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas. « En cinq ans, nous avons plus que doublé notre fréquentation, passant de 60 000 à 122 000 visiteurs par saison », se réjouit la directrice, Judith Pargamin. Restait seulement à trouver l’entrée, nichée dans la petite rue de Bruxelles, avant de se bousculer dans un espace trop exigu… C’est justement l’objectif de cette première phase de rénovation, initiée en novembre dernier : « se doter d’un vrai hall d’accueil ». Soit une surface de près de 400 mètres carrés, comprenant notamment une boutique et un salon de thé. Désormais on pénètre par la grande porte, rue Gosselet, plus visible car située “côté ville”. Des conditions de confort idéales pour découvrir la nouvelle exposition temporaire, Ni méchant ni gentil !. Destiné au jeune public, ce parcours confronte astucieusement les personnages de contes à leur véritable comportement dans la nature et relativise les concepts de gentillesse et de méchanceté attribués aux animaux.

© DR / MHNL

© DR / MHNL

Lille aux trésors

L’ancien accueil, lui, a été réaménagé en nouvel espace d’exposition, dévoilant des objets de la collection d’ethnographie (tel ce crâne trophée des îles Marquises) ou des sciences et techniques (cet analyseur harmonique datant du XIXe siècle) jusqu’ici peu montrés. « Aujourd’hui, seuls 5 % de nos 450000 pièces sont visibles », ex- plique Judith Pargamin. Ce réaménagement préfigure ainsi un plus vaste projet. Le gain d’une aile de 2 500 mètres carrés (doublant la surface muséale) devrait en effet permettre un redéploiement de ces trésors cachés. C’est tout l’enjeu de la seconde phase de travaux, prévue à l’horizon 2025, et devant transformer l’institution en Musée de l’homme, de la nature et des civilisations. « Le nom n’est pas définitif, mais l’idée est là ». À l’heure de la crise écologique, il s’agit en effet de « mieux comprendre comment les humains interagissent avec leur environnement, questionnant par exemple notre exploitation des ressources naturelles ».

© DR / MHNL

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Passé décomposé

Se doter d’un tel outil prend tout son sens à l’heure du Covid. « Aujourd’hui, nous constatons autant un intérêt qu’un déficit de culture scientifique, donc beaucoup de fake news circulent sur les réseaux sociaux ». A terme, de prochaines expositions permanentes (« plus interactives ») aborderont des sujets de société en mêlant histoire naturelle et sciences industrielles. « On soulèvera notamment des questions liées à l’hygiène et la propreté, observant le règne animal et les mœurs humains. Pour cela, on peut compter sur nos collections remplies d’anciens ustensiles de toilette. Ce faisant, on estimera notre utilisation de l’eau à une échelle territoriale ». Ou comment regarder le passé pour mieux appréhender l’avenir.

Julien Damien // Photos : © DR / MHNL

 Musée d’histoire naturelle de Lille Lille – 23 rue Gosselet lun, jeu & ven : 12h30-17h mer : 9h30-17h • sam & dim : 10h–18h 5 > 2,60 € (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr

NI MÉCHANT NI GENTIL ! Jusqu’au 09.01.2022

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