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La Balle au rebond

Cinquieme Set © 2020 – 22H22 - FILMS DU CRU - CINE-@ - APOLLO FILMS - STUDIOCANAL - PRAESENS FILM - GAPBUSTERS - Photo _ Marie-Camille Orlando

Les films réussis sur le sport ne sont pas légion. De Rocky Balboa à Rasta Rockett, en passant par The Wrestler, le succès tient paradoxalement au fait que leur sujet (peu importe la discipline) demeure un prétexte servant d’autres enjeux, plus ambitieux : le dépassement de soi, l’abnégation ou la réécriture de son propre récit contre le cours du destin. C’est là tout le propos de Cinquième set.

A bien y penser, tout le discours de l’œuvre tient dans son premier plan. Cette petite balle jaune en suspension, tournant sur elle-même au ralenti sur un fond de ciel bleu ressemble à un soleil : elle éclaire nos gladiateurs des courts comme elle leur brûle les ailes. Voilà le parfait symbole d’un sport magnifique mais cruel – peu d’élus, beaucoup de galériens. Jadis tennisman lui-même, Quentin Reynaud met en scène un ancien espoir français qui n’a finalement jamais brillé, à cause d’une blessure au genou et surtout d’une précoce demi-finale en Grand Chelem perdue, dont il ne s’est jamais remis…

Match à l’ombre

Pourtant, à presque 38 ans, Thomas Edisson refuse d’abdiquer. Contre l’avis de sa femme et de sa mère-entraîneuse au rôle ambigu (a-t-elle révélé ou façonné son talent ?), l’athlète en sursis s’engage dans un aléatoire tournoi de qualification pour disputer Roland-Garros. Parfaitement campé par Alex Lutz (qui s’impose, après Guy, comme l’un des grands acteurs de sa génération) ce Don Quichotte de la raquette atteindra-t-il le premier tour ? Au fond, peu importe. Si les scènes de match sont particulièrement réalistes, voire homériques, Quentin Reynaud saisit par petites touches (ici un regard, là un souvenir) le combat intérieur d’un homme se révoltant contre la fatalité. En cela son pari est gagné.

Julien Damien

De Quentin Reynaud, avec Alex Lutz, Kristin Scott Thomas, Ana Girardot… Sortie le 16.06


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