Home Exposition Bâmiyân, la falaise et la grotte

Objectif lutte

Pascal Concert © photo Julien Damien

C’est une image hélas célèbre : en mars 2001, les talibans détruisaient les Bouddhas géants de la vallée de Bâmiyân, en Afghanistan. Les “fous d’Allah” voulaient effacer là toutes traces d’autres religions dans cette vallée pourtant habitée dès le IIIe siècle, située sur la route de la soie, et traversée d’influences grecques, indiennes ou romaines. Vingt ans après ce crime contre le patrimoine culturel mondial (annonçant le 11-Septembre), le Louvre-Lens présente trois œuvres du plasticien Pascal Convert, comme un acte de résistance face à la barbarie.

Le symbole est puissant. Long de seize mètres, ce monumental Panoramique de la falaise de Bâmiyân est installé en vis-à-vis de la Galerie du Temps et ses 5 000 ans d’histoire de l’art. Réalisée par le Français Pascal Convert, cette fresque en noir et blanc est visible jusqu’au 31 juillet 2022 et demeure « la première œuvre d’art contemporain installée ici », assure Marie Lavandier, la directrice du Louvre-Lens. Cette création embrasse de manière inédite le fameux site afghan. Elle a été conçue en 2016 selon une démarche bien spécifique. Le polyptique est constitué de 4 000 prises de vue, saisies par des drones et des appareils robotisés. Ces photographies qui ont ensuite été recomposées (ou « tuilées ») par ordinateur garantissent une « définition extrême ». Des 750 grottes sanctuaires creusant la falaise jusqu’aux imperceptibles cailloux, en passant par ses multiples anfractuosités, ce polyptique restitue les moindres détails de la falaise. De part et d’autre percent deux énormes béances où trônaient les deux Bouddhas de 53 et 38 mètres, taillés à même la pierre entre les IVe et VIIIe siècles – et dont la reconstruction fait toujours débat.

(c) Julien Damien

(c) Julien Damien

Pour l’éternité

Surtout, cette image a été tirée selon le procédé dit du platine-palladium, inventé en 1880. « Cette technique permet à l’image d’entrer dans le papier, donnant l’impression d’une empreinte indélébile, explique Pascal Convert. L’œuvre s’offre ainsi comme un acte de résistance, physiquement mais aussi symboliquement ». Un geste artistique opposant l’éternité à la destruction. Plus loin, au sein du Pavillon de verre, on découvre des photographies de l’intérieur d’une des cellules de moine, saccagées à coups de chaussures et de pneus brûlés par les islamistes, mais aussi un documentaire. Émouvant, celui-ci montre des enfants s’amusant à cache-cache au creux de ces falaises. Ponctués de rires et silences, ces jeux témoignent de la vie qui règne toujours ici, malgré l’obscurantisme et la violence…

Les Enfants de Bâmiyân © DR

Les Enfants de Bâmiyân © DR

Julien Damien

Bâmiyân, la falaise et la grotte
Lens, jusqu’au 31.07, Louvre-Lens, gratuit, www.louvrelens.fr

Focus sur l’œuvre de Pascal Convert
L’équipe du musée fait découvrir la nouveauté de ce mois de mars en Galerie du temps et au Pavillon de verre, à l’occasion des 20 ans de la destruction des Bouddhas géants de Bâmiyân.
Tous les jours, sauf le mardi, à 16h. Durée : 20 mn. Gratuit, inscription en ligne ou par téléphone au 03 21 18 62 62

 

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