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De chair et de son

© Didier Noghero

Annulé

Au carrefour de la musique, du texte et du théâtre, Thomas Suel et Gaëlle-Sara Branthomme donnent vie à un corps. Le leur, le nôtre, soit cette enveloppe sensible et tellement banale qu’on ne la perçoit même plus, sur-stimulés que nous sommes par les écrans. Elle se révèle ici extraordinaire.

Révélé sur la scène slam, Thomas Suel crée depuis 12 ans des pièces mêlant l’intime au collectif, et jouant avec les sons et les sens. « J’aborde le langage comme de la musique, travaillant les sonorités, les rythmes, mais aussi les lexiques, du plus ordinaire au plus ouvragé, cherchant de l’unité dans l’éclatement », dit-il. En témoignent les titres de ses spectacles, souvent phonétiques. Après [dukɔ̃ne] (se comprend “d’où qu’on naît” ou “doux qu’on est”), ou [søl] (“sol” ou “seul”) voici donc [kør] (“corps” ou “coeur”). Ce duo pour voix et violoncelle est né de sa rencontre avec Gaëlle-Sara Branthomme. Cette chanteuse lyrique et multi-instrumentiste vadrouille du baroque au jazz, joue aussi bien dans la rue que sur scène. De cette association résulte un poème chanté narrant les tribulations de [kør]. « C’est un personnage volontairement flou, donc universel. On suit sa naissance, la découverte de son corps, celui des autres et sa tentative de s’accorder avec le monde ». Dans un décor épuré (deux tabourets, des jeux d’ombre et de lumière), Thomas et Gaëlle-Sara donnent à voir et entendre une métaphore sensorielle de la vie, une ode au « miracle ordinaire de la chair ». Une résurrection, en somme.


Julien Damien
Informations
Armentières, Le Vivat

Site internet : http://www.levivat.net/

12.11.202019h, 18>2€
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