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Galeux

(La Volte)

Le narrateur de ce roman est un jeune garçon élevé par sa tante et son oncle, dont il raconte les péripéties en parcourant les États-Unis. La famille enchaîne les petites villes, les jobs alimentaires, les caravanes et chambres de motel, se livre à des braquages ou “parties de chasse” sanglantes. Pour cause, ce sont des loups-garous… Dès lors, notre jeune héros s’interroge : est- il lui aussi un lycanthrope ? Trouvera-t-il sa place dans ce bas monde ? Sous la plume de l’Amérindien Stephen Graham Jones (traduit pour la première fois en Français), cette figure de la littérature fantastique devient une allégorie : celle du laissé-pour-compte, du white trash relégué en marge de la société américaine (un galeux, donc) comme en produit massivement le pays de Donald Trump. On pense ici au petit peuple des mobile homes, ces gens jetés sur les routes car trop pauvres, différents ou simplement incapables de s’adapter à un impitoyable système ultralibéral. Orchestré en courts chapitres (qui donneraient lieu à une bonne série, soit dit en passant), ce récit souvent drôle et à la sincérité mordante marie avec brio épouvante et chronique sociologique. A dévorer.

Julien Damien

320 p., 20 €.

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