Home Cinéma Jojo Rabbit

Führer de rire

© Kimberley French / Disney

Adolf, l’ami des tout-petits ? C’est l’idée loufoque avancée par Taika Waititi. Avec cette libre adaptation du roman de Christine Leunens, Le Ciel en cage, le réalisateur néo-zélandais en vogue (Boy, Thor : Ragnarok) signe une satire définitive du nazisme. Un long-métrage diablement efficace, six fois nommé aux Oscars.

En Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale. Jojo est un petit garçon à la bouille adorable… fan d’uniformes SS et d’autodafés. En cachette, il parle à son ami imaginaire : Adolf Hitler ! Son petit monde vacille lorsqu’il découvre que sa mère (Scarlett Johansson) cache une jeune fille juive dans leur grenier… Risqué, le contrepied de la comédie pour un sujet aussi sensible s’avère très malin – façon La Vie est belle de Benigni. D’origine maorie et juive, Taika Waititi incarne lui-même le Führer. Il en fait une sorte d’anti-Jiminy Cricket, trouvant une façon habile de dénoncer les extrémismes. Ce parti-pris du grotesque (pensons au Dictateur de Charlie Chaplin) n’exclut toutefois pas les moments poignants. Entre subtil dosage cathartique, dialogues ciselés et B.O. de choix (Bowie), le film ravira les spectateurs de tous âges. N’en déplaise à l’écurie Disney, qui a racheté entre-temps le studio Fox Searchlight et demeurait sceptique à l’idée de distribuer une telle oeuvre… Au final, Jojo Rabbit a déjà remporté le Prix du public au Festival de Toronto, et risque de devenir l’un des succès de 2020. Tant mieux. Le rire n’est-il pas la meilleure des armes ?



Selina Aït Karroum

De Taika Waititi, avec Roman Griffin Davis, Taika Waititi, Scarlett Johansson, Thomasin McKenzie… En salle

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