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Trois questions à Sophie Lauwers

En haut : Untitled, 1984
Acrylic paint on canvas, 298 x 365 cm
© Keith Haring Foundation

Bozar consacre à Keith Haring sa plus grande rétrospective jamais organisée en Belgique. Sophie Lauwers, directrice de l’institution bruxelloise, nous dévoile les clés de compréhension d’un parcours aussi foisonnant que l’œuvre de l’Américain.

Comment résumer le style de Keith Haring ? C’est un grand collage de beaucoup de choses. Il utilisait énormément de références à l’histoire de l’art : les hiéroglyphes égyptiens, l’art aborigène… Il fut traversé par nombre de courants qu’il se réappropriait tout en créant son propre langage, servi par cette ligne continue propre à la BD qu’il a découverte enfant, et qui ne le quittera jamais.

Quelle était sa principale ambition ? Créer un art public, comme Fernand Léger qui déclarait : “le beau est partout”. De la même façon Keith Haring proclamait : “Art is for everybody”. Et il l’utilisera comme un médium pour véhiculer des messages très forts. C’était un artiste activiste, le porte-parole de la société. Ses sujets sont assez sombres mais traités avec beaucoup d’humour. Il dénonçait la guerre, l’escalade nucléaire, le racisme, l’homophobie ou l’apartheid et prônait la libération des corps et des âmes. Son “radiant baby” est par exemple un symbole de vitalité. Keith Haring aimait intensément la vie, et pour lui elle devait s’exprimer sans aucune obstruction. Son engagement auprès d’Act Up fut essentiel, comme le montre cette exposition. A cette époque, au début des années 1990, Reagan était président des Etats-Unis et son message à propos du sida très simple : arrêtez de faire l’amour. Keith Haring dévoilait lui sa propre sexualité dans ses dessins, et a cassé de nombreux tabous. Il a envoyé un message très fort à la prochaine génération, l’exhortant à trouver des remèdes tout en continuant à s’assumer et à faire l’amour : beaucoup de gens ont survécu grâce à cela. D’une certaine manière, l’art peut donc sauver le monde.

Comment est née cette exposition ? Suite à celle que nous avions consacrée à Fernand Léger il y a deux ans. Face à une de ses toiles réalisées à New York, représentant des corps entremêlés dans une piscine publique (Les Grands plongeurs), j’ai tout de suite pensé à Keith Haring. Et comme lui, Bozar défend cette noble idée que l’art s’adresse à tous.

A LIRE AUSSI : KEITH HARING, LEGENDE URBAINE

 

Keith Haring Drawing Series January 1982 © Joseph Szkodzinski 2019

Keith Haring Drawing Series January 1982
© Joseph Szkodzinski 2019

Propos recueillis par Julien Damien
Informations
Bruxelles, Bozar

Site internet : http://www.bozar.be/

du mardi au dimanche, de 10:00 à 18:00, et le jeudi jusqu'à 21:00 (sauf pendant les vacances d'été).

06.12.2019>19.04.2020mar > dim : 10 h-18 h • jeu : 10 h-21 h, 18 > 9 € (gratuit -6 ans)
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