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Tattoo

Monsieur Toussaint Louverture

Précieux défricheur de la littérature étrangère (Steve Tesich, Emil Ferris, entre autres “monstres”), Monsieur Toussaint Louverture poursuit sa fascinante entreprise avec l’Américain Earl Thompson (1931 – 1978). Suite de l’épique Un Jardin de sable, Tattoo narre l’itinéraire d’un enfant de la grande dépression fuyant la misère et la violence du midwest pour s’engager dans la Navy, à 15 ans. Entre coups et caresses, Jack se cherche une échappatoire, un destin. De sa Wichita natale à la Chine, ce motherfucker (au sens le plus littéral) s’envoie en l’air. Il regarde les étoiles les pieds dans la boue, nageant dans les abysses d’une humanité brinquebalante d’où surgit, parfois, le sublime – « L’océan, ça n’allait nulle part, c’était seulement là, pesant et pourtant couronné de la plus délicate des dentelles d’écume ». Pour le dire vite, c’est Céline chez Faulkner, Mark Twain chez Steinbeck (du brutal). Une odyssée poisseuse narrée avec limpidité et crudité, mais sans salade, le récit étant largement autobiographique – décidément, la réalité dépassera toujours la fiction. En cela, Earl Thompson nous balance un uppercut dont on se souviendra. Une trace indélébile.

Julien Damien

1 024 p., 28 €.

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