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Sur les traces de Keith Haring

Untitled, 1981, Sumi ink on paper, 95,3 x 125,7 cm
© Keith Haring Foundation, Private collection, courtesy Martin Lawrence Galleries

Darren Pih est curateur au sein de la Tate Museum de Liverpool, qui a  accueilli jusqu’en novembre cette rétrospective consacrée à Keith Haring. Co-commissaire de cette exposition désormais visible à Bruxelles, à Bozar, il décrypte avec nous quelques éléments phares de ce parcours de 85 œuvres.

Comment définir la signature de Keith Haring ? C’est une synthèse de styles. Keith Haring était une éponge. Il absorbait le hip-hop, le pop art, des formes anciennes comme la calligraphie ou l’art aborigène afin de les rendre accessibles au sein d’un langage universel, communiquant sur des sujets importants de son époque. D’une certaine façon, son travail symbolise l’énergie culturelle des années 1980 et résume visuellement les Etats-Unis.

Quelle était sa principale ambition ? Keith Haring défendait fermement l’idée que l’art ne doit pas être confiné et s’adresse à tout le monde. Il offrait ainsi son travail dans la rue ou sur les murs du métro de New York. Il appréhendait l’espace public comme une galerie, un studio pour partager ses messages. Il n’était pas à proprement parler un graffeur mais demeure un pionnier du street-art.

Crack Down!, 1986, Poster 608 x 481 mm © Keith Haring Foundation / Collection Noirmontartproduction, Paris

© Keith Haring Foundation

Peut-on le qualifier d’artiste engagé ? Oui, c’était d’ailleurs un précurseur. Il luttait contre le racisme, l’homophobie, la guerre et voulait construire des ponts entre les gens. Il était fondamentalement optimiste, aimait la vie, alors même qu’il était séropositif. Il militait au sein d’Act Up pour la recherche et l’élévation de structures médicales afin de changer la perception que les gens avaient alors du sida.

Quelles seraient vos œuvres préférées ? Tout son travail effectué dans le métro de New York. Keith Haring a réalisé des milliers de dessins à la craie, aux heures de pointe et gratuitement, sur les panneaux publicitaires laissés vacants. Nombre d’entre eux ne sont d’ailleurs pas signés, n’étant pas destinés à la vente. Ils étaient juste réalisés pour les gens. Keith Haring souhaitait communiquer simplement et directement sur des sujets importants avec ses contemporains. Il cherchait des plateformes pour véhiculer des messages sociaux : la rue, ses Pop Shops… Vous n’aviez alors pas besoin de vous rendre dans une galerie ou dans un musée pour découvrir ses peintures. S’il était encore vivant, je suis sûr qu’il utiliserait Instagram.

A LIRE AUSSI : KEITH HARING, LEGENDE URBAINE

Keith Haring Drawing Series January 1982 © Joseph Szkodzinski 2019

Keith Haring Drawing Series January 1982
© Joseph Szkodzinski 2019

Propos recueillis par Julien Damien
Informations
Bruxelles, Bozar

Site internet : http://www.bozar.be/

du mardi au dimanche, de 10:00 à 18:00, et le jeudi jusqu'à 21:00 (sauf pendant les vacances d'été).

06.12.2019>19.04.2020mar > dim : 10 h-18 h • jeu : 10 h-21 h, 18 > 9 € (gratuit -6 ans)
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