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Peinture fraîche

©Annabel Briens

Née à Enghien-les-Bains, désormais installée à Paris, Annabel Briens s’est fait un nom dans l’illustration grâce à son trait épuré et élégant. Desservant la mode, l’édition ou la presse, ses peintures à l’huile évoquent tout autant Henri Matisse ou David Hockney, deux de ses influences majeures. Raffinés, ses portraits de célébrités ou d’inconnus, ses natures mortes ou scènes d’intérieur suscitent invariablement le mystère.

Pouvez-vous nous rappeler votre parcours ? J’ai découvert la peinture à l’âge de 15 ans grâce à un livre sur l’Ecole de Paris, reproduisant des œuvres de Picasso, Matisse, Modigliani, Foujita… Je ne dessinais pas du tout à l’époque mais j’essayais de recopier leurs toiles avec du maquillage. Ce fut une révélation. J’ai donc décidé de suivre des études d’art, à Nantes puis à Paris. J’ai honoré mes premières commandes d’illustratrice assez tôt, mais il m’a fallu du temps pour en vivre. J’ai aujourd’hui 37 ans, et c’est devenu mon activité principale depuis six ans.

Qui sont vos clients ? Des maisons d’édition, j’élabore des couvertures pour Grasset notamment. J’ai par exemple illustré le dernier roman de Laetitia Colombani, Les Victorieuses. Je collabore aussi avec des magazines, comme Elle ou Grazia, ou des marques de mode tel Le Mont Saint Michel.

Comment définiriez-vous votre style ? Je travaille souvent avec de la peinture à l’huile très diluée, offrant beaucoup de nuances légères et semblant presque de l’aquarelle. J’aime la texture de cette matière, les accidents en découlant et surtout révéler le geste, les traits du pinceau.

©Annabel Briens

©Annabel Briens

Vous utilisez aussi une palette de couleurs assez limitée, et laissez beaucoup de place au blanc, n’est-ce pas ? Oui, je recherche l’épure et tente de garder l’essentiel, de simplifier au maximum la composition, c’est la chose la plus difficile à obtenir ! Le vide laisse ainsi beaucoup de place au regardeur. Il lui permet de finir l’image lui-même. J’adore cet aspect “inachevé”.

Quels sont vos sujets de prédilection ? Durant des années, je n’ai quasiment réalisé que des portraits, et puis à force d’exercice je me suis rendue compte que je pouvais dessiner d’autres choses. Depuis deux ou trois ans, je m’intéresse aussi à l’architecture et aux scènes d’intérieur, au mobilier…

©Annabel Briens

©Annabel Briens

Quelles seraient vos influences ? On ne peut s’empêcher de penser à David Hockney… Oui, c’est un de mes artistes préférés, tout comme Matisse que j’ai découvert ado. Il reste ma plus grande influence.

Lui aussi avait une utilisation particulière du blanc… Oui, je suis aussi fascinée par ses formes et couleurs, et puis sa manière de peindre, toutes ces couches qu’il laisse. On remarque toujours la peinture en dessous, elle ressort de ses toiles. Quand je regarde un tableau, j’aime voir le geste du peintre, et penser au moment où il l’a effectué.

Pourriez-vous commenter une de vos œuvres ? Le bouquet de tulipes jaunes est un clin d’œil à David Hockney, mais aussi à Matisse, justement, qui a peint beaucoup de natures mortes. En ce moment, je m’intéresse beaucoup à l’architecture, aux maisons. Je suis attirée par leur aspect “graphique”.

©Annabel Briens

©Annabel Briens

Comment dénichez-vous ces endroits ? Parfois je me promène durant de longues heures à la campagne ou dans des villes de banlieue, simplement pour regarder les maisons.  Mes paysages sont souvent dénués de présence humaine. J’adore les lieux un peu désolés, comme chez Hopper.

Est-ce à nous de les remplir avec nos propres histoires ? Oui, il s’agit d’imaginer ce qu’il se passe dans ces jardins, derrière ces vitres ou grillages, de se figurer les gens vivant ici…

Propos recueillis par Julien Damien
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