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Faux-semblants

© Rinko

Le mythe de l’actrice française vu par un cinéaste nippon. Hirokazu Kore-eda (Une Affaire de famille, Palme d’or à Cannes en 2018) revient avec une comédie dramatique au casting sur-mesure. La Vérité s’offre comme un brillant exercice de style où Catherine Deneuve et Juliette Binoche éblouissent dans le duo mère-fille.

Actrice adulée, Fabienne vient de publier ses mémoires et s’apprête à tourner dans un film de science-fiction. Sa fille Lumir, scénariste épanouie, débarque avec sa petite tribu d’outre-Atlantique pour l’événement. Mais les retrouvailles dégénèrent lorsque Lumir pointe le florilège d’incohérences dans l’autobiographie de sa mère. Un affrontement tacite s’engage sur la véracité propre à leurs métiers respectifs… Le cinéma d’Hirokazu Kore-eda explore les thèmes de la filiation et du deuil. Mais dans le sillage de Lumir (les frères Lumière ?), La Vérité traduit aussi un hommage au septième art. L’affiche trônant dans le salon (“Belle de Paris”), lance un clin d’oeil à la filmographie de Deneuve (Belle de jour) autant qu’à son rôle d’ambassadrice haute-couture pour Yves Saint Laurent. Surtout, comment ne pas penser à Clouzot (La Vérité de 1960) ? Ici, Kore-eda interroge le jeu même des acteurs derrière leurs personnages. La mise en abyme renvoie aussi au Dernier métro de Truffaut, autre rôle phare de Deneuve. Entre fiction et réalité, l’égérie du cinéma français incarne une légende en déclin, confrontée à une autre génération (Juliette Binoche). Devenue Circé des temps modernes, elle n’en finit plus de se réinventer.

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Selina Aït Karroum

De Hirokazu Kore-eda, avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke… En salle

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