Home Théâtre & Danse La Faculté des rêves

Radicale et libre

© Pierre Martin

De Valerie Solanas, l’histoire n’a retenu que le pamphlet SCUM Manifesto (1967) appelant à l’éradication des hommes, et les trois coups de feu tirés sur Andy Warhol. Fascinée par son parcours, la Suédoise Sara Stridsberg réhabilitait cette Américaine radicale en 2009 dans le roman La Faculté des rêves. Christophe Rauck l’adapte ce mois-ci au Théâtre du Nord.

Porter sur scène le destin heurté de Valerie Solanas était une gageure. Prendre pour référence La Faculté des rêves de Sara Stridsberg, figure de la littérature suédoise, en était une autre. A partir de ce roman à la langue crue, articulant prose et dialogues entre la narratrice et Solanas, Christophe Rauck a construit une pièce pour six interprètes « avec des scènes très courtes, comme des polaroïds ». La scénographie adopte un grand écran vitré pour jongler entre les périodes (1968, 1945, 1988). En filigrane, on conte ainsi ces moments où Warhol, Bowie ou Baldwin ont bousculé la société conservatrice. Violée par son père, toxicomane et prostituée dès 15 ans pour payer ses études, Valerie Solanas évolue dans les marges. Assumant davantage une posture anti-patriarcat que féministe via son manifeste satirique, le seul de ses textes à n’avoir pas été brûlé par sa mère… Celle qui se définissait comme « la première pute intellectuelle de l’Amérique » est morte oubliée de tous dans un hôtel crasseux de San Francisco, à 52 ans. Cette pièce qui lance l’année théâtrale à Lille par un coup de poing, oeuvre pour la postérité d’une figure révoltée.

Marine Durand
Informations
Lille, Théâtre du Nord

Site internet : http://www.theatredunord.fr/

15.01.2020>30.01.2020mar, mer & ven : 20 h, jeu & sam : 19 h, dim : 16 h, 25 > 4 €
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