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Vue d'exposition (Pablo Picasso, La Source, été 1921) © Photo Julien Damien

De Picasso, on connaît les peintures, sculptures, dessins, voire céramiques, pas forcément les illustrations. Pour la première fois, une exposition met en lumière cette dimension méconnue de l’œuvre du génie espagnol. Monté au MUba de Tourcoing en collaboration avec le musée national Picasso-Paris, ce parcours rassemble près de 200 pièces dont certaines jamais vues, car issues des ateliers du maître…

Picasso illustra entre 1907 et 1973 une cinquantaine de livres. Ébréchant l’image du créateur solitaire, cette exposition souligne d’emblée le caractère collectif de son travail et ses liens avec les éditeurs, imprimeurs ou auteurs. Dès son arrivée à Paris, au début du XXe siècle, l’Espagnol lia en effet amitié avec un groupe de poètes, parmi lesquels Reverdy ou Apollinaire. « Ses premières collaborations prennent la forme d’un frontispice, signale Johan Popelard, conservateur du patrimoine au musée national Picasso-Paris. Il s’agit de portraits ou d’images, notamment pour un ouvrage de Max Jacob avec qui il a entretenu d’étroites relations ». Au fil du temps, ce concours prendra de l’ampleur…

Vue d'exposition (portrait d'Appolinaire) © Photo Julien Damien

Vue d’exposition (portrait d’Apollinaire) © J.D.

Lignes pures

Prenons pour exemple Albert Skira. En 1928, ce jeune bibliophile suisse fonde sa maison d’édition dans le secret espoir de côtoyer Picasso. Il lui soumet Les Métamorphoses d’Ovide. Deux ans plus tard, l’artiste lui présente 30 gravures, dont 15 têtes de chapitres « sans rapport avec l’histoire », précise Christelle Manfredi, co-directrice du MUba. Eh non, on n’impose rien au natif de Malaga ! Lui-même ne se considérait pas comme illustrateur : « ses œuvres prolongent le texte, mais ne sont pas à son service ». Présentés au sein d’une nef centrale, ces dessins montrent « des lignes extrêmement pures, un calme apparent soutenant l’extrême violence du récit », ajoute Johan Popelard.

Traits d’union

Découpé en sections thématiques au sein d’une scénographie ouverte, le parcours permet au visiteur de circuler librement, « comme dans un livre ». Il témoigne de la diversité des techniques de cet « inlassable expérimentateur » : lithogravure, eau-forte ou aquatinte sur sucre, employée pour l’un de ses chefs-d’œuvre, La Tauromaquia. « C’est une sorte de mode d’emploi de la tauromachie, un sujet évoquant cette Espagne laissée derrière lui ». Entre autres toiles ou céramiques on découvre aussi des affiches iconiques, comme celle exécutée pour le Congrès mondial des partisans de la paix en 1949, à la demande d’Aragon. Elle porte sa célèbre colombe, devenue le symbole universel que l’on sait.

Julien Damien
Informations
Tourcoing, MUba Eugène Leroy

Site internet : http://www.muba-tourcoing.fr/

19.10.2019>13.01.2020tous les jours sauf mardi : 11h-18h • sam & dim : 13 h-19 h, 8 > 1 € pour les Tourquennois (gratuit -18 ans)
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