Home Cinéma Le Dindon

Farce et attrape

© Julien Panié

Après les succès d’Yves Saint Laurent ou d’Iris, Jalil Lespert s’attaque à un monument du théâtre de boulevard avec Le Dindon. Dans cette farce jugée très avant-gardiste pour l’époque (1896), Georges Feydeau raillait les jeux de séduction de la petite bourgeoisie. Portée sur grand écran, son oeuvre fait toujours mouche.

Pontagnac, dragueur invétéré, poursuit Victoire jusque chez elle. Mais son mari, qui n’est qu’autre que son ami Vatelin, déboule. S’ensuit une (basse) cour amoureuse où tout le monde veut coucher avec tout le monde par vengeance. Les fans du genre auront reconnu l’intrigue du vaudeville de Feydeau, Le Dindon. Pour lui rendre hommage, Jalil Jespert évite l’écueil tant redouté (trois actes, trois décors principaux) du “théâtre filmé”, grâce à une mise en scène virevoltante et au jeu des acteurs. Le quatuor Gallienne, Boon, Pol et Calamy fonctionne effectivement à merveille. Mention spéciale à Ahmed Sylla, sorti de sa zone de confort dans le rôle du dandy, et à Camille Lellouche, touchante en titi parisienne. Remise au goût du jour, cette comédie respecte le texte original et sa mécanique. L’action est replacée dans le Paris pré-mai 68, avant la libération sexuelle, dans une société hésitant entre moeurs traditionnels et plus débridés. Saluons enfin le travail sur les couleurs (très pop) et le soin apporté aux décors et costumes, emblématiques des sixties. Certes, cette honnête adaptation ne révolutionne rien. Elle souligne néanmoins la force d’un classique brocardant nos petits travers.

Tanguy Croq

De Jalil Lespert, avec Guillaume Gallienne, Dany Boon, Alice Pol, Ahmed Sylla… En salle

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