Home Théâtre & Danse Qui a tué mon père

A marche forcée

© Jean-Louis Fernandez

Après En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, Edouard Louis publiait en mai 2018 Qui a tué mon père. Dans son troisième livre, le Picard décrypte les mécanismes de la domination sociale, broyant les classes les plus fragiles. Stanislas Nordey met en scène et interprète ce brûlot politique dans un solo rageur.

Certains auteurs “sentent” le vent de l’histoire avant les autres. Edouard Louis est de ceux-là. Six mois avant la naissance des gilets jaunes, l’élève du sociologue Didier Eribon sortait Qui a tué mon père. Dans ce J’accuse contemporain, il démontrait comment la politique avait physiquement « détruit » son père. Et de citer les coupables, de Nicolas Sarkozy remplaçant le RMI par le RSA et obligeant son père à travailler « malgré sa santé désastreuse », à Emmanuel Macron qui retirait cinq euros par mois aux plus précaires. à bien y regarder, ce pamphlet était fait pour la scène. D’ailleurs, son commanditaire n’est autre que Stanislas Nordey. Le directeur du théâtre national de Strasbourg interprète ce texte bref et cinglant sous la forme d’un monologue intime. Meurtri par un accident à l’usine, le corps paternel est représenté au plateau par un mannequin de cire, entre une table et deux chaises, au milieu d’images évoquant cette ville du Nord où il (sur)vit. L’histoire de cet homme prend forme grâce au récit de son fils, des souvenirs d’enfance jusqu’à sa « mort sociale ». En filigrane, il rend la parole à ces fameux “invisibles”, dans un cri bouleversant.

Julien Damien
Informations
Béthune, La Comédie

Site internet : http://www.comediedebethune.org

09.10.2019>11.10.201920 h, 20 > 5 €
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