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Perdre la Terre

(Le Seuil)

Comment expliquer que le “trou dans la couche d’ozone” a suscité de la part des états une réaction plus rapide et ferme que le dérèglement climatique ? Ce dernier phénomène demeure pourtant autrement plus menaçant, et fut déjà bien identifié dès… 1979. Pour Nathaniel Rich, cela tient essentiellement à l’efficacité d’une expression (scientifiquement approximative) et d’une représentation jouant sur la hantise du gouffre. Ainsi, « un problème atmosphérique abstrait avait été ramené à l’échelle de l’imagination humaine ». Avec Perdre la Terre, le journaliste du New York Times entreprend à son tour de raconter une histoire frappante. Quitte à la simplifier ? C’est le risque. La thèse, la voici : entre 1979 et 1989, le péril écologique était reconnu par tous les acteurs (politiques, militants ou même industriels) comme une évidence incontestable. Et pourtant, rien n’a été fait. Bien que centré sur les états-Unis, et tordant au passage quelques faits scientifiques, l’Américain parvient à livrer un récit haletant à partir d’une enfilade de réunions. Surtout, il nous laisse avec cette question décisive : quelle valeur accordons-nous réellement au futur ?

Raphaël Nieuwjaer

288 p., 17,50 €.

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