Home Exposition Hugo Pratt, les chemins du rêve

Songes et merveilles

© CongSA Suisse

Hugo Pratt demeure une icône du neuvième art, l’affaire est entendue. L’œuvre de l’Italien est synonyme d’aventures, de voyages… mais aussi de rêve. C’est tout le sujet de cette exposition montée dans l’antre d’un autre maître des songes : le Belge Jean-Michel Folon. À la lisière de la forêt de Soignes, sa fondation accueille aquarelles et planches signées du père de Corto Maltese.

Près d’un quart de siècle après la mort d’Hugo Pratt, ses héros n’ont pas pris une ride. Le plus célèbre se nomme évidemment Corto Maltese. Celui-ci apparaît en 1967 comme personnage secondaire de La Ballade de la mer salée. Motivé par des éditeurs en quête de bonnes histoires, le Vénitien en fera le vagabond des mers que l’on sait. Les Français le découvrirent d’abord dans Pif Gadget (!) puis la revue (à suivre). Son trait à l’encre de Chine, inspiré par l’Américain Milton Caniff, en fit alors un maître du noir et blanc, et sa virtuosité à l’aquarelle un peintre estimé.

Planches magiques

Au-delà de la légèreté de son dessin, Pratt fut aussi un conteur génial. « Il introduisit dans ses récits des techniques cinématographiques, notamment l’usage de l’ellipse, mais aussi nombre de références littéraires : à Jack London, Ernest Hemingway ou Arthur Rimbaud », commente Patrizia Zanotti, co-commissaire de cet accrochage. L’artiste nourrissait effectivement une passion pour la poésie. « Parce qu’elle est synthétique et procède par images », déclarait- il lui-même. Cette exposition focalise toutefois sur un aspect moins (voire jamais) décrypté de son travail : le rêve. « C’est pourtant un thème fondamental de son oeuvre, assure Cristina Taverna, autre commissaire. Il fut pour lui un moyen de transporter le lecteur d’un monde à l’autre, de voyager à travers les pays ou les époques, mêlant constamment le réel à l’illusion ».

© Cong S.A - Suisse

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Dédale

À bien y regarder, les personnages “prattiens” songent souvent, s’endorment et se réveillent dans une autre réalité… ou conversent avec des animaux : des corbeaux (Songe d’un matin d’hiver) ou des requins (La Ballade de la mer salée). À la Fondation Folon, une soixantaine de planches originales et d’aquarelles se répartissent en trois sections : le temps (forcément aboli), la nature et les personnages. Comme dans le labyrinthe enfumé de J’avais un rendez-vous (illustrant l’affiche), le lecteur-visiteur s’égare alors dans des volutes infinies, en dehors des cases.

Julien Damien
Informations
La Hulpe, Fondation Folon
25.04.2019>24.11.2019mar > ven : 9h > 17h / Sam & dim : 10h > 18h , 7>5€ , gratuit - 6 ans
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