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Planche de salut

Los Angeles, une famille dysfonctionnelle, une bande de skaters : pour sa première réalisation, Jonah Hill semble avoir choisi le territoire le plus arpenté du cinéma indépendant américain contemporain. Et pourtant, aussi fragile que rayonnant, 90’s a le charme indéniable des premières fois.

Gringalet de 13 ans, Stevie est régulièrement tabassé par son grand frère. C’est d’ailleurs ainsi que le film débute, avec une sécheresse et une violence inattendues. Père absent, mère attentionnée mais dépassée, le garçon semble condamné à la solitude. Jusqu’au jour où il croise un groupe d’ados qui a fait d’une boutique de skate son repaire. L’approche est timide. Mais le ravissement immédiat. Stevie décroche les posters des Tortues Ninja recouvrant les murs de sa chambre, et négocie la planche de son frère. L’apprentissage commence, avec ses chutes innombrables puis la soudaine légèreté offerte par la glisse. Mieux : notre héros découvre une communauté ouverte et bienveillante.

Glissement de terrain

Si Jonah Hill a retenu quelque chose de sa collaboration avec Judd Apatow (réalisateur d’En cloque, mode d’emploi et producteur de l’inégalable SuperGrave, sortis en 2007), c’est bien le souci de ne juger personne. Certes, il n’y a pas qu’amour et sympathie dans 90’s. Mais chacun est considéré avec suffisamment d’attention pour révéler une faille, un espoir, une déception trop longtemps tue. à l’image de cette conversation entre les jeunes et un homme sans domicile évoquant son addiction. En cela, Hill se distingue de Larry Clark et d’Harmony Korine (qui apparaît au détour d’un plan) et de leur fameux Kids (1995). Ce qu’il cherche est différent : le moment fugace où un sourire s’épanouit.

Raphaël Nieuwjaer

De Jonah Hill, avec Sunny Suljic, Lucas Hedges, Katherine Waterston… En salle


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