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L’illusionniste

Charlotte II (c) Laurence Winram

Fils et petit-fils de prestidigitateurs, Laurence Winram aurait pu suivre un chemin tout tracé. Mais « la magie était un art en voie de disparition dans les années 1970 », sourit-il. Pas de lapin jaillissant d’un chapeau ni de tours de cartes, donc. C’est appareil photo en main que l’artiste installé à Édimbourg distord la réalité, composant dans son studio encombré « de branches, tissus et morceaux de bois » de délicates rêveries. La série Shadow cherche ainsi la beauté dans les contrastes, mariant anatomie humaine et paysages. « J’aime la forme naturelle du corps, ses changements de tons et courbes, confie l’Ecossais. Il s’équilibre parfaitement avec les lignes plus nettes de la nature, le sous-bois enchevêtré et les pins ». Sous l’épiderme féminin, les branchages deviennent veines et veinules. Par transparence, les chevelures se muent en de timides frondaisons, tandis que le noir et blanc recouvre de velours cette fusion du vivant. On serait tenté de voir dans ces portraits une défense de notre planète. Laurence Winram préfère parler de « toiles vierges », laissant place à l’interprétation de chacun. Il met aussi en avant une part d’improvisation partagée avec ses modèles au moment du shooting. Exposé l’été dernier à la Royal Scottish Academy, le quinquagénaire multiplie les projets, entre affiches de théâtre et reportages dans des distilleries écossaises. Un sacré parcours depuis ses premiers tirages, à 16 ans, avec le vieil Olympus familial, qui n’a pas altéré son envie « d’expérimenter et de casser les habitudes ». Histoire d’injecter toujours plus de magie dans notre quotidien.

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Marine Durand
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