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Frappadingue

On croise de tout dans Diamantino : une nonne pilote de drones, des jumelles diaboliques, une généticienne dévoyée ou encore une star déchue du football. Pour leur premier long-métrage, Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt réalisent une farce corrosive et un grand film sur l’imaginaire portugais.

La rencontre est improbable. Depuis son yacht où il se relaxe avant la finale de la Coupe du Monde, Diamantino aperçoit un canot pneumatique. Qui sont ces gens, hagards et assoiffés ? Des « fugiés », comme il le dira plus tard. Il ne faut pas lui en vouloir, Diamantino n’est pas très au courant de l’actualité. Le seul talent de ce demi-dieu, c’est le football. Benêt aux pieds et au cœur d’or, ce sosie de Cristiano Ronaldo se retrouve mêlé à tout ce qui agite notre époque : le nationalisme, le transhumanisme, l’exil fiscal, les mouvements migratoires… Pour Abrantes et Schmidt, il ne s’agit pas tant de traiter ces sujets que d’organiser leur joyeuse collision. Et de placer, au centre de ce film inventif, une réflexion subtile sur la grandeur et la chute d’un homme, et surtout d’un pays. Les cinéastes portugais se sont souvent emparés de l’histoire nationale. Manoel de Oliveira fit le récit de siècles de défaites militaires (Non, ou la vaine gloire de commander, 1990). Miguel Gomes ressuscita le temps des colonies (Tabou, 2012). En dynamiteurs tranquilles, Abrantes et Schmidt désacralisent tout, de Ronaldo à Sébastien 1er, posant contre le fardeau du mythe l’intensité du présent.

Raphaël Nieuwjaer

De Gabriel abrantes & Daniel schmiDt, avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira… En salle

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