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Train d’enfer

Apparu après la Seconde Guerre mondiale, descendant du freak show américain et de la maison hantée anglaise, le train fantôme a bien changé. Les wagons métalliques et autres animatroniques ont laissé place à un déluge d’effets spéciaux. Et de bonnes idées. En témoigne le Thriller, qui nous replonge dans le célèbre clip du “roi de la pop”. Hee-hee !

Avec sa façade rose tâchée de sang et ses balcons inclinés, elle est visible de loin. Surtout, cette maison de trois étages un peu flippante affiche LE détail qui tue (forcément). Au premier niveau, un Michael Jackson de trois mètres, veste en cuir rouge et noir, visage de zombie, semble bien s’éclater en dansant sur Thriller au-dessus de la foule. C’est louche… On monte ? Oui, mais « pour une descente aux enfers » promet une voix lugubre (« hahaha… »). Nous voilà embarqués dans l’obscurité pour quatre minutes de frayeur. Un voyage en spirale peuplé d’automates loups-garous en blouson de sport, petits rigolos déguisés en clowns et armés de tronçonneuses (plus enclins à nous trancher la tête qu’à la gratter) ou autres macchabéeshologrammes s’échappant littéralement des écrans… « Oui, j’aime bien mélanger grands classiques et nouvelles technologies », s’amuse Stéphane Camors, propriétaire de ce manège inspiré du fameux film réalisé par John Landis, en 1983.

Sur les bons rails

Notre hôte est issu d’une famille de forains « depuis six générations, précise-t-il. Mes arrière-grandsparents parcouraient la France avec les premiers cinémas ambulants. Mon père a acheté un train-fantôme dans les années 1960, puis pratiquement tout le monde a suivi ». L’attraction reste un “hit” des fêtes foraines – combien de premiers baisers échangés dans ces wagons ? Pour autant, l’exigence du public est croissante, et l’innovation essentielle. « Je possédais déjà le “Fantom Manor”, hérité de mon père, mais je cherchais à en concevoir un nouveau, plus contemporain, explique le quinquagénaire. Un jour, mes enfants sont tombés sur Thriller à la télé, et semblaient fascinés. Ce sont eux qui m’ont donné l’idée ».

Photographies : Stéphane Camors / Vincent BouleyNiveau supérieur

Epaulé par son ami Vincent Bouley, plasticien oeuvrant, entre autres, à la fabrication de décors pour la Comédie-Française, Stéphane conçoit la maquette puis confie la réalisation du bébé à un constructeur. 18 000 heures de travail plus tard, le Thriller accueillait ses premiers passagers, en septembre 2013. Depuis, son succès ne se dément pas, de la Foire du Trône de Paris au Lunapark de Fréjus, en passant par la Fête à Neuneu au Bois de Boulogne ou sur la Place de la Bastille, à Noël. Il faut dire que les caractéristiques du manège impressionnent : 21 mètres de long, 13 de haut, une montée en colimaçon de 400 mètres… « Et puis c’est le premier train fantôme construit sur trois niveaux, assure le pilote en chef, pas peu fier de sa création. Il nécessite trois jours de montage ». Mais quelques secondes pour déclencher ses premiers cris d’effroi.

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Julien Damien
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