Home Exposition Get Up, Stand Up !

Têtes d'affiche

Avant Facebook, Twitter et les hashtags, comment exprimait-on publiquement son désaccord ? Par l’affiche ! De Berkeley à Nanterre, étudiants, ouvriers et artistes ont fait preuve d’inventivité en la matière. Le MIMA, jeune musée de la culture 2.0 implanté à Molenbeek, revient sur une période riche en mouvements protestataires (1968-1973) à travers 400 affiches de 30 pays soigneusement mises en scène. Le pouvoir au peuple !

Qu’est-ce que l’affiche sinon une « trace graphique de notre histoire » ? Cette élégante formule n’est pas de nous mais de Michaël Lellouche, curateur de l’exposition Get Up, Stand Up !, et propriétaire d’une impressionnante collection en partie dévoilée à Bruxelles. Depuis 20 ans, ce journaliste compile des centaines d’images ou objets de lutte. Dans des circonstances et à des moments différents, « des gens comme vous et moi sont descendus dans la rue pour s’adresser aux puissants avec ces visuels, raconte-The Whale, Collection Michaël Lellouche, MIMA 2018t-il. J’ai eu envie de m’intéresser à cette énergie du peuple ».

Mise au poing

En cette année anniversaire, les événements de Mai 68 s’arrogent une place de choix dans l’exposition. Toutefois, « il était essentiel de replacer ces 50 jours dans un contexte global, avec des contestations amorcées dès l’engagement des états-Unis au Vietnam ». “La chienlit, c’est lui”, “Hell no, we won’t go”, “Sois jeune et tais-toi”… Les slogans que l’on découvre sur ces affiches, portés par un geste graphique radical ou décalé, se savourent comme des friandises visuelles. Le parcours ravive le mouvement des droits civiques américains, suit l’émergence du féminisme et de l’écologie, puis s’attarde sur la place des ateliers populaires dans la diffusion de la sérigraphie. Le poing, symbole fédérateur, s’étale sur un mur entier, tandis que les tracts contre la répression policière trônent sur des barricades.

Action !

À partir de 1973, la vague mondiale de contestation s’essouffle, et avec elle la production d’affiches engagées. « Nous n’avons retrouvé cette immédiateté qu’avec les réseaux sociaux, pensez aux Printemps arabes », remarque Michaël Lellouche. Une salle résume d’ailleurs les luttes majeures, de la fin du conflit vietnamien à aujourd’hui, à l’aide de vidéos et d’illustrations emblématiques telles que le récent “Je suis Charlie”. Toutes ces révoltes vous ont échauffé le sang ? Défoulez- vous donc sur les sacs de frappe de l’installation Frappez les gradés (1969). L’Argentin Julio Le Parc y a peint les traditionnelles figures d’autorité (père, professeur, juge…). Une autre façon de rester rebelle !

Marine Durand
Informations
Bruxelles, MIMA
09.05.2018>30.09.2018mer > dim : 10 h > 18 h, 9,50 > 5 € / gratuit (-12ans)
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