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Le sens de la fête

Monsieur Poulpe, Jonathan Cohen et Xavier Gens
© Angélique Passebosc

Manu Payet cosigne le scénario d’une comédie réalisée par le Dunkerquois Xavier Gens, réunissant Jonathan Cohen (Serge le Mytho) et Monsieur Poulpe (Les Recettes pompettes). Inspiré d’une histoire vraie, Budapest raconte comment deux ex-étudiants d’une école de commerce ont fondé une société organisatrice d’enterrements de vie de garçon en Hongrie, avec l’aide d’un expatrié brindezingue. Au menu ? Pilotage de tank, tir à la kalachnikov, danse enchaînée à des stripteaseuses… Entretien (forcément) débridé.

Comment présenteriez-vous le film ? Monsieur Poulpe : C’est une comédie où deux copains envoient tout valser pour s’amuser au travail… mais à leurs risques et périls. D’ailleurs, chacun d’eux a une approche différente, plus ou moins professionnelle, quitte à se perdre dans cette démesure…

Jonathan Cohen : C’est exactement ça ! Malgré la bande-annonce un peu trash, Budapest traite de choses assez profondes : le rapport aux femmes et à la réussite. Les deux personnages sont prisonniers de leur couple et de leur job, mais vont se reprendre en main.

Qu’en est-il de votre personnage, le plus dingo de la bande, Monsieur Poulpe ? Georgio, l’expatrié, est toujours en décalage par rapport aux autres. C’est une petite comète traversant la vie de Vincent et Arnaud. C’est intéressant de le voir apparaître, disparaître puis revenir avec un plâtre sans Budapest © WBEIconnaître le moindre détail de sa vie. D’ailleurs, on ne sait pas ce qu’il devient à la fin… Comme Vincent et Arnaud, il reste un enfant, mais à un degré différent. Il ne porte aucun jugement, il est sans tabou et peut donc vriller à tout moment. J’ai eu la liberté d’imaginer son côté visuel : ses cheveux blonds, tatouages et mini-shorts.

Xavier Gens : Georgio s’inscrit dans le schéma archétypal de la comédie : c’est le fou. C’est-à-dire, dans la dramaturgie pure, le personnage révélateur de réalité. Ici c’est lui qui met au jour la vérité des relations entre les individus.

Quelle est la part de fiction ici ? Monsieur Poulpe : Certaines parties ont évidemment étaient inventées. Mais la trajectoire des héros est bien réelle. On a d’ailleurs montré le film aux véritables protagonistes. Ils ont bien rigolé.

Jonathan Cohen : En effet, ils n’ont pas vécu toutes ces péripéties… Mais les enterrements de vie de garçon se déroulent globalement comme ça à Budapest. Les gens payent pour faire la fête et en profitent au maximum.

Monsieur Poulpe : D’ailleurs, dès 18 heures, des bandes de copains déguisés en bébé ou en légionnaire et déjà ivres morts se baladent dans les rues.

Budapest parle d’alcool et de sexe. C’est un peu votre rayon, Monsieur Poulpe ? Effectivement. Je ne me suis pas senti dépaysé ici car ce sont des matières premières que je maîtrise ! J’ai apporté un supplément de naïveté et de candeur à un type touché par tous les vices. Budapest Monsieur Poulpe, Jonathan Cohen et Manu Payet © Angélique Passebosctémoigne aussi d’une certaine réalité par rapport à ce genre de villes ou lieux de fête. Au début, tu trouves ça génial mais tu te rends vite compte que tout n’est pas rose…

En quoi cette comédie est-elle différente des autres ? Monsieur Poulpe : Xavier et Manu nous ont laissé une part d’improvisation importante. Il y a donc une certaine fluidité dans les dialogues, un ton naturel que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs.

J. Cohen : C’est peut-être l’une des seules comédies ayant cette facture particulière, à l’américaine.

Xavier Gens : Je souhaitais effectivement réaliser un film pop acidulé, coloré. Très dynamique aussi en y injectant les codes américains ou anglo-saxons. En France on peut aussi tourner une comédie en soignant l’image.

Peut-on dire que Budapest est un Very Bad Trip à la française ? À l’unanimité : Non ! Jamais de la vie !

Monsieur Poulpe : Il existe peu de films dédiés aux fêtes entre potes en France. On prend donc pour référence le plus connu : Very Bad Trip. Mais il n’y a pas vraiment de points communs. Budapest se révèle d’ailleurs plutôt féministe, grâce à Alice Belaïdi et Alix Poisson.

Ah bon. Et en quoi les filles font-elles progresser l’histoire ? Jonathan Cohen : Les garçons sont allés au bout de leurs conneries, ont agi comme des gamins et les filles remettent de l’ordre dans ce bazar.

Monsieur Poulpe : Elles poussent aussi les garçons à se lancer dans l’aventure. L’une trouve l’idée géniale et l’autre les finance.

Xavier Gens : Elles sont beaucoup plus libres que les mecs. S’ils s’interdisent certaines activités, elles n’hésitent pas à franchir le pas.

Quelles furent les moments mémorables du tournage ? Monsieur Poulpe : Le premier jour on a écrasé un gosse avec le camion… (rires). Plus sérieusement, les scènes tournées dans ce club de tous les Budapest © WBEIfantasmes ont été vraiment difficiles à jouer. Il fallait se concentrer sur notre jeu et oublier qu’une centaine de figurants faisaient semblant de coucher ensemble autour de nous. Ça nous a pris cinq jours pour tout filmer…

Avant de vous rendre sur place, pensiez-vous qu’il était possible de se livrer à toutes ces activités ? Xavier Gens : Au début, je n’ai pas cru à cette histoire. Puis j’ai vérifié sur le site Internet de la société. La conduite de tank, le tir à la mitraillette ou l’attaque des chiens… J’ai trouvé ça délirant ! L’être humain est capable de tous les extrêmes pour s’amuser.
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ET SINON, QUOI DE NEUF ?

Monsieur Poulpe, qu’en est-il de Crac CracC’est une émission sur la sexualité dans laquelle on parle de toutes les possibilités qu’offrent nos orifices. Je viens de signer pour une saison 2, dans laquelle on va aborder des thèmes plus sociétaux : le sexe et la politique, par exemple. C’est un véritable plaisir de produire Crac Crac ! Manu sera dans l’épisode de juin et Jonathan dans celui de juillet.

Jonathan Cohen, avez-vous menti durant cette interview ? Essentiellement, oui.

Qu’en est-il de Serge le Mytho ? On écrit le film et on risque de le tourner en décembre ou janvier.

Propos recueillis par Angélique Passebosc

De Xavier Gens, avec Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe… En salle

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