Anjan Sundaram

D’origine indienne, Anjan Sundaram s’est fait connaître pour ses reportages sur les conflits au Congo et en République Centrafricaine. A la fin des années 2000, l’Union Européenne le charge d’enseigner les techniques journalistiques à de jeunes Rwandais. En suivant le parcours de Gibson, Agnès et de ses autres élèves, l’auteur rend compte de la censure exercée par le régime de Paul Kagame. Mois après mois, celle-ci se fait de plus en plus brutale. Bad News raconte ainsi des histoires de dissidents emprisonnés, tabassés ou froidement exécutés par les services secrets rwandais. Les journalistes refusant de rejoindre les rangs des flatteurs sont obligés de fuir pour sauver leur peau. Certains finissent par sombrer dans la paranoïa…

Dystopie bien réelle

Le livre décrit une société où seule la vérité officielle compte. Paresseux, on convoquerait bien Orwell et Kafka, si ceux-ci n’étaient déjà récupérés par les politiques et intellectuels de tout crin. Il n’empêche que la construction du récit mémoriel du génocide revêt des atours dystopiques. Dans la fable officielle, Paul Kagame interprète le beau rôle, celui du sauveur du Rwanda, omettant dans le même temps les exactions commises par son camp et les purges au sein de ses propres troupes. Pinacle de ce travestissement de la réalité, la modernisation absurde des campagnes qui force les habitants à détruire leurs cases, symboles du passé pour le dictateur, engendrant des milliers de sans-abris. En annexe de cet ouvrage fondamental, Anjan Sundaram énumère la liste des journalistes victimes de la brutalité du régime depuis l’accession de Kagame au pouvoir. Un hommage glaçant.