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Entre deux âges

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L’adolescence, ses premières fois et ses doutes. Sylvain Dubrunfaut reste, encore aujourd’hui, fortement attaché à cette période de la vie. Il la met en scène dans des portraits, sublimant les expressions du visage, l’attitude ou la tenue vestimentaire propres à cet âge. L’artiste-peintre nous a ouvert les portes de son atelier.

« Je vais bientôt avoir 40 ans et je me demande où est passée ma jeunesse. Qu’est-ce qu’il en reste ? Voilà pourquoi je m’intéresse autant à cette génération », analyse avec nostalgie Sylvain Dubrunfaut. À Haubourdin, dans son petit atelier, au milieu des cartons, pinceaux et chevalets, l’artiste compose des portraits d’adolescents dans une veine naturaliste. Issus de rencontres ou de clichés dénichés sur Internet, ces modèles tantôt mélancoliques ou rêveurs sont une source d’inspiration inépuisable.
Huile sur bois, gouache, acrylique… les méthodes ne manquent pas, questionnant en filigrane les codes de la photographie. Tous les moyens sont bons pour capturer les émotions liées à ce moment transitoire de l’existence. Ici, toute la fragilité de ce garçon au bonnet péruvien, là le doute et la réflexion dans un regard fuyant…

Effet miroir
Certaines expériences personnelles ont aussi éclairé Sylvain sur ce passage à l’âge adulte. « J’ai été animateur puis directeur dans des camps de vacances durant de longues années. Peindre la jeunesse est, en quelque sorte, une façon de prolonger la mienne et d’en immortaliser les moments marquants ». Au fil du temps, son propos est devenu plus ambitieux. « J’ai commencé à creuser tous les aspects du sujet. Les thèmes propres à l’adolescence sont riches : le rapport au corps, la quête d’identité, la rébellion. La jeunesse traduit aussi l’état d’une société à l’instant T ». À l’image de cette manifestante entourée des forces de police, visage à demi-caché par une écharpe.

La conquête de la nature
« Actuellement j’explore la notion de road trip. Les jeunes adultes voyagent de plus en plus à travers le monde, au contact de la nature ». Nombre de paysages s’offrent donc en arrière-plan de ses portraits. La Forêt de nouveau frémit, sa dernière série, témoigne de ces essais. Dans l’un de ces tableaux intimistes, une jeune fille en maillot de bain fait face au spectateur. « Cette séduisante demoiselle affiche un air sévère. Elle s’impose à travers une lumière rasante, nous saisit et nous pousse à nous interroger ». Son regard intrigue. Que fixe-t-elle ? « Je ne le sais pas. Je laisse la porte ouverte aux interprétations. Le public est libre d’imaginer la scène qui se déroule hors-cadre ». A la recherche du temps perdu…

Angélique Passebosc

Mon nom est personne
Roubaix, jusqu’au 12.05, Il Bacaro, lun : 11 h > 14 h 30, mar > ven : 19 h > 23 h, gratuit, www.le-bar.fr

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