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Faux-semblant

Nobody's Watching (c) Epicentre Films

Remarqué lors du festival de Tribeca, où son acteur principal reçut le prix d’interprétation masculine, Nobody’s Watching est le troisième film de Julia Solomonoff. En suivant les déboires d’un comédien aux états- Unis, la cinéaste argentine initie une subtile réflexion sur l’identité et son corollaire, l’imposture.

Vedette d’une telenovela en Argentine, Nico a fui son pays et une relation toxique avec un producteur pour tenter sa chance à New York, où on lui a promis un rôle. Hélas, le projet capote. Le jeune homme peine à trouver sa place dans la Grosse Pomme, survivant de petits boulots (serveur, baby-sitter) tout en assurant à ses proches que les tournages s’enchaînent… Sobre et efficace, la mise en scène consiste en une succession de plans fixes sur son anti-héros. En arrière-plan se dessine un joli portrait de cette ville belle mais cruelle, sur laquelle se fracasse le rêve américain de Nico. Celui-ci serait à la fois trop et pas assez latino pour percer dans l’industrie du cinéma locale, friande d’archétypes. Une productrice lui conseille ainsi de se débarrasser de son accent et d’assombrir ses cheveux blonds. Bref, de ne plus être lui. L’Argentin encaisse les coups sans se départir de son sourire – son masque. D’humiliations en petits mensonges, il finit pourtant par se perdre… Au-delà de l’immigration, ce drame soulève son lot de thèmes shakespeariens, éminemment contemporains.  À quoi se résume un être humain ? Sa fonction ? Ses revenus ? Sa nationalité ? Sa notoriété ? Telle est la question.

Julien Damien

De Julia Solomonoff, avec Guillermo Pfening, Elena Roger, Rafael Ferro… En salle

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