Nabucco
En plein choeur
Marie-Eve Signeyrole / VerdiLe 26 mai, le célèbre Va, pensiero du choeur des esclaves de Nabucco résonnera de Dunkerque à Beauvais, en passant par Valenciennes. L’Opéra de Lille renouvelle l’opération de retransmission en direct, à l’échelle régionale, d’un grand opéra. Cette fois, place à l’oeuvre monumentale de Verdi !
L’histoire de Nabucco supporte mal le résumé… Il y est question d’un tyran régnant sur Babylone (Nabuchodonosor) et se prenant pour un dieu, du peuple hébreu déraciné et réduit en esclavage, d’un temple pillé et, au milieu de cela, des amants contrariés… Appréhender cette intrigue fut le premier défi de Marie-Eve Signeyrole. « Je me suis demandé : que faire de cette histoire invraisemblable, de ces faiblesses temporelles et dramaturgiques ? Nabucco est surtout très connu pour ses chœurs. J’ai avant tout souhaité rendre le récit compréhensible, car la musique est encore plus poignante si l’on saisit les enjeux du texte ». La metteuse en scène, qui jongle entre créations de Puccini ou Bizet et œuvres modernes, a trouvé des résonances actuelles dans l’opéra de Verdi. « Celui-ci aborde des thématiques fortes : l’identité collective, les liens entre le pouvoir et la religion. Des sujets qui nous sautent au visage aujourd’hui ». Comme l’exil, par exemple… Si les allusions aux drames contemporains sont prégnantes, hors de question en revanche de faire de l’ombre à cette musique « qui prend aux tripes ».
Le premier péplum
Des années à manipuler la caméra ne laissent pas indemne. « Je joue avec les deuxième et troisième plans, avec le hors-champ, comme au cinéma. Je cherche à focaliser le regard des spectateurs sur les chanteurs ». Pas étonnant, dès lors, que Marie-Eve Signeyrole perçoive ce chef-d’oeuvre comme un péplum. La retransmission à ciel ouvert, destinée à toucher un public moins habitué à la musique lyrique, trouve chez la Parisienne un écho particulier. « Moi-même, je ne suis pas issue du monde de l’opéra même si j’y travaille depuis 15 ans. J’y suis venue parce que cette musique me touche. Mais mon langage est celui d’aujourd’hui ». En cela, Nabucco se conjugue à tous les temps.
Retransmission en direct, 26.05, 18 h, gratuit : Lille, Place du Théâtre // Armentières, Le Vivat // Dunkerque, Le Bateau Feu // Guise, Familistère // Hazebrouck, Centre A. Malraux // Houplin-Ancoisne, Mosaïc // Lens, La Scène du Louvre-Lens // Lomme, Maison Folie Beaulieu // Roubaix, La Condition Publique // Valenciennes, Le Phénix…