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Danse macabre

Foxtrot (c) Pola Pandora Spiro Films, ASAP Films Knm, Arte France Cinema

En 2009, le réalisateur israélien Samuel Maoz tirait de son passé de soldat Lebanon, huis clos sous tension depuis l’habitacle d’un tank, et Lion d’or à Venise. Dans son deuxième long-métrage, Grand prix du jury de la dernière Mostra, il continue d’ausculter ses traumatismes et ceux paralysant toute une nation.

À Tel-Aviv, de nos jours. On frappe à la porte d’un appartement. Dafna, la cinquantaine, ouvre, contemple ses interlocuteurs puis s’effondre. Il faudra au spectateur de longues secondes avant de distinguer les trois soldats de Tsahal dans l’encadrure, forcément porteurs d’une terrible nouvelle. L’ouverture puissante de Foxtrot condense tous les attributs du film riche en partis pris esthétiques et politiques. Libre à chacun d’adhérer à certains choix, tel ce découpage en trois séquences articulées façon puzzle. Ou d’en contester d’autres : le recours abusif aux allégories. Jonathan, le fils aîné, est donc mort en service. La procédure bien rodée de l’armée (sédatif pour la maman, organisation des obsèques) se heurte à la douleur du père. La deuxième partie nous propulse dans le désert et le quotidien absurde de quatre jeunes conscrits. Au checkpoint “Foxtrot”, ils ouvrent sporadiquement la barrière à un dromadaire, contrôlent les voitures des Palestiniens, avec force humiliation et quelques bavures… Le dernier acte promet quant à lui des rebondissements (qu’on ne dévoilera pas), entre rires et larmes… Il donne à Foxtrot les airs d’un conte désabusé, plus qu’une critique frontale et stérile de la politique menée en Israël.

Marine Durand

De Samuel Maoz, avec Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray… En salle

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(c) Michael Crotto / Gaumont