Home Exposition Nicolas Schöffer

Futur antérieur

Né en Hongrie en 1912, décédé à l’âge de 80 ans, Nicolas Schöffer est considéré comme l’un des pionniers de l’art cybernétique. Le LaM rend hommage à ce visionnaire et inventeur de génie à travers cette fascinante Rétroprospective. Soit le futur vu depuis le passé, dans une “exposition-spectacle” où la féerie le dispute à l’ingéniosité.

Tombé dans l’oubli, Nicolas Schöffer connut une belle notoriété de son vivant, grâce à son fameux concept de “spatiodynamisme”. Soit, comme il le définit lui-même : « l’intégration constructive et dynamique de l’espace dans l’oeuvre ». Portrait de Nicolas Schöffer. © Jean-Jacques Morer, 2018En d’autres termes, le Français initia la synthèse entre tous les arts : sculpture, architecture, théâtre, peinture et musique ! Il rythma de ses inventions folles les Trente Glorieuses, « un âge de progrès où le futur était désirable », selon Arnauld Pierre, commissaire de cette exposition. Pensez : bien avant les petits génies de la Silicon Valley, Schöffer imagina une ville intelligente, régulée par des ordinateurs centraux et dominée par une “Tour Lumière Cybernétique” de 347 mètres de haut – un projet alors soutenu par André Malraux ou le président Pompidou. Sans la crise pétrolière, ce monument aurait poussé dans le quartier de la Défense, « incarnant la civilisation électronique comme la Tour Eiffel fut le symbole du premier âge industriel »(les Liégeois peuvent toujours, depuis 1961, en contempler une version de 52 m dans le parc de la Boverie). Restent des rêves donc, et cette maquette dévoilée ici, parmi une sélection de pièces plus surprenantes les unes que les autres, donnant au LaM des allures de Metropolis.

Nightclubbing

Chronologique et thématique, le parcours se divise en neuf chapitres. Accompagné par les cliquetis des machines, les « mixages bruitistes » de Pierre Henry ou des jeux d’ombres et de lumières colorées provoqués par d’étranges œuvres mécanisées, le visiteur-spectateur s’arrêtera devant CYSP1. Il s’agit de la toute première sculpture cybernétique (1956). Un robot danseur s’activant au son d’un claquement de mains, que mit notamment en scène Maurice Béjart.

Les plus anciens lecteurs des magazines “people” reconnaîtront aussi les murs en inox polis comme des miroirs du Voom Voom, boîte de nuit tropézienne (et “luminodynamique” !) que Schöffer décora dans les sixties – pour le plus grand bonheur de Brigitte Bardot ou de Paco Rabanne… Plus loin, on se laisse hypnotiser par ses Dreambox ou Lumino, soit de petits écrans (alors commercialisés) diffusant des images abstraites et favorisant l’endormissement du spectateur. A la fin des années 1980, l’artiste perdit l’usage de la main droite… mais se servit de la gauche pour esquisser ses derniers dessins (la série Ordigraphics) avec les premiers micro-ordinateurs. Le futur, c’était mieux avant ? Peut-être bien…

Julien Damien
Informations
Villeneuve d'Ascq, LaM

Site internet : http://www.musee-lam.fr/

Collections permanentes accessibles du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Exposition temporaire et collections permanentes : 10 / 7 €
Collections permanentes : 7 / 5 €

>20.05.2018mar > dim : 10h > 18h, 10 > 7€ / gratuit (-12ans)
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