Home Cinéma Moi, Tonya

Ice crime

Le nom de Tonya Harding, première patineuse américaine à réussir un triple axel en compétition, sera à jamais associé à l’attaque sauvage que son époux orchestra contre sa rivale, Nancy Kerrigan, avant les JO de 1994. Craig Gillespie raconte la jeunesse tumultueuse de la championne déchue, misant sur l’humour noir et la parodie de docu-fiction.

Face caméra, voilà donc Tonya Harding (Margot Robbie) la quarantaine empâtée, revendiquant clope au bec sa condition de « redneck » et sa gloire passée. Lui succèdent Jeff Gillooly (Sebastian Stan), l’ex-mari violent, LaVona Golden (incroyable Allison Janney), mère alcoolique, cruelle et déjantée, ou encore un reporter de tabloïd. Chacun livre sa propre version de la vie de Tonya, ou du célèbre “incident” de 1994. Brillant parti pris de mise en scène : en miroir de ces faux “vrais entretiens” souvent hilarants, les comédiens reconstituent les épisodes évoqués, brisant régulièrement le 4e mur pour s’adresser au spectateur. Ainsi d’une Tonya de 20 ans, tirant à la carabine sur Jeff après une énième dispute, tout en clamant qu’elle n’a « jamais fait ça ! »

Trop vulgaire ?

Tonya Harding était-elle au courant de l’agression qui se préparait contre Nancy Kerrigan ? à la question qui agita la presse mondiale, Gillespie répond par la réhabilitation de la championne. Mais la polémique s’efface derrière un portrait tendre de l’Amérique white trash, peu représentée à l’écran, et le destin bouleversant de l’héroïne. Fillette puis femme battue à la recherche toute sa vie d’une reconnaissance. Athlète trop vulgaire pour le monde gracieux du patinage artistique. Idole à la gloire éphémère, interdite de pratiquer le sport pour lequel elle a donné sa vie.

Marine Durand

De Craig Gillespie, avec Margot Robbie, Sebastian Stan, Allison Janney… Sortie le 21.02

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