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Le jeu de la vérité

Le collectif MxM fut révélé avec ses “performances filmiques”, soit des pièces mêlant théâtre et cinéma. Après Nobody en 2015, glaçante plongée dans le monde de l’entreprise, le revoici avec une adaptation de Festen, prix du jury à Cannes en 1998. Au menu ? Mensonges, odeurs et vidéo.

Il y a 20 ans, le Danois Thomas Vinterberg secouait la Croisette avec le dérangeant Festen. L’argument ? Helge Klingenfelt réunit sa famille dans son manoir pour célébrer ses 60 ans. Il a demandé à Christian, son fils aîné, de dire lors du dîner quelques mots en hommage à Linda, sa soeur jumelle qui s’est suicidée un an plus tôt. Mais celui-ci saisit cette occasion pour dénoncer les viols que son père leur a infligé durant l’enfance. Inceste, éclatement d’une microsociété fondée sur le mensonge… : les thèmes sont nombreux. « Mais je pense que Festen parle en réalité d’une seule chose : la capacité de se réconcilier avec sa propre histoire pour en bâtir une nouvelle », explique le metteur en scène, Cyril Teste. A bien y regarder, il y a aussi du Shakespeare ici. « Pour moi il s’agit d’un Hamlet contemporain, cet aristocrate habité par un fantôme, qu’il libère en révélant la vérité… ».

© Simon GosselinTemps réel

Au-delà du fond, c’est aussi par la forme que Festen détonnait, posant les bases (avec Lars Von Trier) du Dogme 95, courant caractérisé par le réalisme de ses séquences tournées caméra à l’épaule. Le collectif MxM bouscule à son tour la tradition avec un langage singulier : la “performance filmique”. « C’est une hybridation entre le cinéma et le théâtre ». Ou comment réaliser un long-métrage en direct, sous les yeux du public, tout en lui dévoilant les scènes hors-champ, offrant deux lectures de la pièce. Le jeu des 15 interprètes est saisi par des cameramen et projeté sur un grand écran surplombant la scène. Le spectacle dure le temps de ce sulfureux repas, auquel quatre spectateurs sont invités chaque soir ! Autre innovation : “l’illustration olfactive”. La salle est traversée par trois fragrances créées par le “nez” Francis Kurkdjian : celle de la forêt entourant le manoir, puis du feu de cheminée crépitant à l’intérieur de la demeure et, enfin, le parfum de Linda. « On effectue un zoom olfactif, se rapprochant du récit via l’odorat ». Histoire de donner un autre sens à la fête…

Julien Damien
Informations
Lille, Théâtre du Nord

Site internet : http://www.theatredunord.fr/

07.02.2018>11.02.2018mer & ven : 20 h, jeu & sam : 19 h, dim : 16 h, 25>10€
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