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La mémoire dans la peau

Lethe © Sylwia Kowalczyk

Lorsqu’on lui demande de parler de son travail, Sylwia Kowalczyk dégaine sa réplique phare : « j’étudie les illusions d’optique créant une ambiguïté entre le réel et ce qui ne l’est pas, avec un goût prononcé pour les sujets sérieux, comme la mort ou la peur ». Voilà qui a la mérite d’être clair. Habituellement, ce sont plutôt les expériences personnelles qui déterminent les projets de cette photographe polonaise installée à Edimbourg – l’entrée d’une jeune femme dans l’âge adulte, la confrontation à une nouvelle culture. La série Lethe (ici présentée) se distingue toutefois du reste de sa production, capturée dans l’environnement contrôlé d’un studio. Une forme de nostalgie émane de ces images imprimées, déchirées, puis recomposées par bribes, où les paysages se mêlent aux portraits de ses proches. Privés de leur visage ou intégrité physique, les personnages révèlent une nouvelle identité. « Le Léthé est le fleuve qui efface les souvenirs des morts lorsqu’ils s’y baignent », éclaire Sylwia Kowalczyk, qui cite Proust ou Dostoïevski parmi les auteurs qui l’inspirent. « Des moments importants échappent sans cesse à notre mémoire, et le passé devient un vaste territoire vierge »… Ce travail, déjà salué par le magazine Photo District News, est mis à l’honneur ce mois-ci par la galerie Blue Sky à Portland, apportant à l’artiste sa première exposition personnelle. Une étape marquante dans une carrière qu’elle espère riche et longue, à l’image de celle de Louise Bourgeois ou de la sculptrice britannique Phyllida Barlow, “découverte” après ses 65 ans. Qu’elle se rassure, on n’est pas près… de l’oublier.

A LIRE AUSSI : L’INTERVIEW DE L’ARTISTE

Marine Durand

à visiter / www.sylwiakowalczyk.com
à voir / Exposition Lethe à la Blue Skye Gallery, Portland, Oregon, novembre et décembre 2017. www.blueskygallery.org
à lire / l’interview de Sylwia Kowalczyk sur lm-magazine.com

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