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Jardin de plein art

Corey McCorkle, Yayoi, 2005 © photo Joris Luyten

C’est le dilemme de l’été : sortie au parc ou visite d’exposition ? Et pourquoi pas… les deux en même temps. à Anvers, le musée en plein air de Middelheim propose depuis plus de 60 ans une déambulation artistique dans un immense jardin, au milieu de sculptures du XXe siècle à nos jours. Visite guidée – pas tout à fait comme les autres.

La Middelheimlaan est une longue avenue située au sud d’Anvers. Celle-ci offre au promeneur une balade des plus bucoliques. Arrivé devant l’entrée du parc qu’elle borde, le regard du passant est alors attiré par un château de style néoclassique… et un détail saisissant. Il aperçoit en effet un bateau mou, soit un voilier coulant, littéralement, sur le rebord où il est posé. Cette oeuvre de l’Autrichien Erwin Wurm (Misconceivable, 2010) confirme que le parc Middelheim n’est pas seulement le poumon vert de la cité flamande. C’est l’un des plus anciens musées en plein air au monde. Cet espace naturel de 30 hectares est parsemé de vastes pelouses, de sous-bois, traversé de cours d’eau et jonché d’arbres ou de plantes – rares pour certaines. Ici sont exposées quelque 230 sculptures modernes et contemporaines (parmi une collection de 450). En poussant les grilles, nous sommes d’abord accueillis par une statue en métal du Flamand Vic Gentils immortalisant un notable. Il s’agit de Lode Craeybeckx (1897- 1976), ancien bourgmestre d’Anvers, symbolisé par ses différentes qualités : le tronc est par exemple constitué de socs de charrue (pour le côté travailleur) représentant aussi la toge d’un avocat. Mais l’homme était surtout un amoureux des arts. C’est à cette figure du socialisme qu’on doit ce musée.

Erwin Wurm, Misconceivable, 2010 © SABAM Belgium / Photo Joris Casaer

E. Wurm, Misconceivable © SABAM Belgium / Joris Casaer

 

Sous l’oeil de Rodin

Le passé du domaine de Middelheim reste mal connu. « On sait toutefois que la bourgeoisie anversoise possédait ses maisons de plaisance ici, au XVIe siècle », indique notre guide, Inez Dechamps. La famille Le Grelle, dernier propriétaire en date, vendit les lieux à la ville en 1910. « Lode Craeybeckx trouva là l’endroit idéal pour inscrire Anvers sur la carte mondiale des arts ». La première exposition fut inaugurée en 1950, et propose depuis « une balade à travers l’histoire de la sculpture, de Rodin à nos jours ». Le génie français hante d’ailleurs toujours le parc. En avançant un peu, on découvre ainsi le premier bronze de son célèbre Balzac (1892 – 97). Nous voilà invités à la contemplation. Celle-là même dans laquelle semblent plongés Roi et Reine du Britannique Henry Moore, représentés dans un style primitif, comme pour dénoncer l’archaïsme de la dynastie. Cet artiste aida d’ailleurs Lode Craeybeckx à organiser le parcours permanent de Middelheim. « Celui-ci se divise en deux parties autour du château : la plus haute fait la part belle à l’art moderne et la plus basse aux pièces contemporaines, créées à partir de 1990. Ce dernier terrain a été inauguré en 1993. Le bourgmestre souhaitait que le musée dispose d’une collection éclairant gratuitement le public des dernières tendances dans le domaine des arts plastiques ».

Libre comme l’art

Les époques et les styles se mélangent en parfaite harmonie. Après avoir admiré les Trois figures debout d’Eugène Dodeigne (1978) – soit d’inquiétantes silhouettes en pierre – nous croisons, au détour d’un chemin, une énorme boule rouge posée sur le sol, comme tombée d’un rêve – Yayoi de l’Américain Corey McCorkle (2005). Depuis 2012, on découvre enfin un espace consacré aux expositions temporaires. 31 créations de l’Anglais Richard Deacon occupent les lieux jusqu’en septembre. Elles nous révèlent un langage plastique articulé autour des matériaux et des formes, appréciable à travers Never Mind. Ce gros zeppelin semblant flotter au dessus de l’herbe avait d’abord été conçu en bois, en 1993. Mais l’oeuvre fut détériorée par les assauts de Dame Nature. « Il l’a alors reconstruite à l’identique, en acier inoxydable ». Gageons qu’elle survole longtemps le parc de Middelheim.

Rik Wouters, Het Zotte Geweld (La Vierge folle), 1912 © Photo Julien Damien

Rik Wouters, Het Zotte Geweld (La Vierge folle), 1912 © Photo Julien Damien

Julien Damien

Anvers – Middelheimlaan 61, mar > dim : 10 h > 21 h (juin & juillet), 10 h > 20 h (août), 10 h > 19 h (septembre), gratuit, www.middelheimmuseum.be

Exposition Richard Deacon – jusqu’au 24.09

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