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Nos chers voisins

Kiyoshi Kurosawa
(c)Eurozoom

Quelques mois après la sortie du Secret de la chambre noire, son premier long-métrage réalisé en France, Kiyoshi Kurosawa revient sur les écrans avec Creepy. Un film de genre qui, oscillant entre le polar et le thriller horrifique, ausculte avec brio la désagrégation du tissu social japonais.

« Meilleur est le méchant, meilleur est le film ». Certes, on connaît la formule de Hitchcock. Mais il y a bien des manières d’être méchant. Prenez Mr. Nishino, par exemple. Voilà un type qui ne paye pas de mine. Il semble même d’une couardise répugnante. Et pourtant, il suffit que vous fassiez un pas dans sa maison pour que soudain vous vous sentiez mal à l’aise. Non sans raison, d’ailleurs. C’est le génie de Kiyoshi Kurosawa que d’instiller aussi lentement que précisément l’inquiétude. Ce cinéaste n’a pas besoin de plaquer une musique stridente pour créer du suspense. Une action à peine aperçue dans la profondeur de champ, un changement d’axe inattendu, et nous sommes saisis.

Face-à-face
Après un brillant prologue, Creepy se divise en deux. D’un côté, un ancien flic devenu professeur de criminologie rouvre avec un collègue une vieille enquête sur le meurtre inexpliqué d’une famille. De l’autre, sa femme s’installe dans leur nouvelle maison, essayant au passage de faire connaissance avec le voisinage. Sans surprise, les récits vont converger. Mais sur cette trame, Kurosawa parvient à créer des jonctions inattendues, et surtout à déplacer l’angoisse sur un terrain ordinaire. Dès lors, le foyer ne fonctionne plus comme un refuge. Et le quartier, hors des solidarités traditionnelles, prend des allures de piège. De ce point de vue, Kurosawa dresse un portrait cinglant de la société japonaise.

Raphaël Nieuwjaer

De Kiyoshi Kurosawa, avec Hidetoshi Nishijima, Yuko Takeuchi, Teruyuki Kagawa… Sortie le 14.06

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