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L'amour à mort

Alain Gomis
(c)Jour2Fête

Il a bouleversé le festival de Berlin en faisant tantôt danser, tantôt pleurer les spectateurs. Le cinéaste franco-sénégalais Alain Gomis (Andalucia en 2008 et Aujourd’hui en 2012) raconte l’histoire de Félicité, amoureuse par hasard, brave par nécessité. Mais surtout, chanteuse dans un petit troquet. Un détail pour vous mais qui, filmé par Gomis, veut dire beaucoup…

Félicité (magistrale Véronique Beya Mputu) gagne sa croûte en donnant de la voix dans un café à Kinshasa. Son modeste quotidien est chamboulé quand son frigidaire tombe en panne et que survient Tabu, réparateur un peu bourru. Cela ressemble au scénario d’un mauvais film érotique du dimanche soir. C’est en fait le début d’une fulgurante histoire d’amour. Une romance interrompue quand le fils de Félicité est victime d’un accident de moto. Comment récupérer l’argent nécessaire dans les temps pour le sauver ? La voilà lancée dans une course effrénée au coeur de la bouillonnante ville congolaise.

Périple onirique

Par son style si singulier, Alain Gomis propose ici une odyssée multi-sensorielle. Des compositions modernisées de Kasai Allstars aux mouvements de caméra virevoltants, le spectateur est transporté dans un paysage hypnotique et onirique. L’idylle entre Tabu, ivrogne au grand coeur et Félicité, archétype de la mère courage, traverse et balaie tous les désastres économiques, sanitaires et politiques du pays. Satire sociale ? Ode musicale ? Comédie romantique ? Portrait de femme ? Félicité est un peu tout cela et rien à la fois : il s’agit d’un film de genre sans genre, inclassable. Ou alors dans une seule catégorie : celle des films à voir.

Mélissa Chevreuil

De Alain Gomis, avec Véronique Beya Mputu, Papi Mpaka, Gaetan Claudia… En salle


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