Eloge de la couleur
Nouveau prisme
Quelle est la fonction de la couleur dans notre environnement urbain ? Comment choisir la nuance de bleu adéquate pour la façade d’une usine ? Autant de questions qui ont fait naître un métier : le colorisme-conseil. Pour son 40e anniversaire, le Centre Pompidou prête au musée de La Piscine un fonds artistique jamais dévoilé, mettant en lumière un travail méconnu.
Au cours des années 1950, un groupe d’artistes français mené par Georges Patrix, Jacques Fillacier et Bernard Lassus s’associe à des architectes pour revoir l’esthétique des sites industriels. « Il fallait ré-enchanter un monde dévasté par la guerre » affirme Sylvette Botella-Gaudichon, co-commissaire de l’exposition. Héritiers du Bauhaus et de Le Corbusier, ces créateurs repensent les couleurs des bâtiments à partir de l’environnement naturel : le ciel, la végétation, la terre… D’où l’impression de grandes masses colorées s’étirant sur les façades. L’objectif ? Identifier ces constructions au premier abord et valoriser le cadre de vie des ouvriers. Cependant, cette réflexion dépasse le contexte de l’usine, envisageant la cité dans son ensemble (réseau autoroutier, espaces publics…).
Dans l’atelier
Ces coloristes expérimentent en mélangeant des pigments naturels. Une partie de l’accrochage est consacrée à leurs pratiques en atelier, présentant des gammes, nuanciers ou dessins préparatoires. Citons aussi ces maquettes de cheminées d’usines aux couleurs psychédéliques fabriquées par le japonais Ryoichi Shigeta à la fin des années 1960. Elles traduisent parfaitement cette volonté de rompre la monotonie propre aux quartiers des villes nouvelles. Conçus comme de “simples” instruments de travail, ces objets sont ici élevés au rang d’oeuvres d’art.
Site internet : http://www.roubaix-lapiscine.com/