Home Cinéma Diamond Island

Phnom Peine

Quatre ans après Le Sommeil d’or, un documentaire remarqué sur la mémoire du cinéma cambodgien, Davy Chou revient avec une fiction, Diamond island. S’entrelacent, là encore, la mémoire et l’amnésie, les blessures du passé et les incertitudes de l’avenir.

En apparence, Diamond island rejoue une partition connue. Avec ses plans baignés par la lumière colorée des néons, ses travellings aériens, ses acteurs jeunes et jolis, Davy Chou creuse le sillon tracé il y a quinze ans par Millenium Mambo, de Hou Hsiao-hsien. Depuis, la formule a perdu de son pouvoir de sidération. Le refrain est connu : l’ultra-modernité comporte un revers, une mélancolie vaporeuse s’insinue au détour de chaque distraction. Pourtant, en quittant la campagne pour Phnom Penh, Bora et Mesa vont explorer d’autres sentiments et territoires. La beauté du film repose d’abord sur ce lieu étrange qu’est “Diamond island”. La nuit, cette île n’est que halos bleus, roses, jaunes. Un cocon irréel où la jeunesse se love pour imaginer son avenir. Le jour, se déploie un chantier faramineux, celui d’une ville futuriste, où cette même jeunesse se casse le dos pour une misère. Et puis, “Diamond island”, c’est aussi le nom d’un exil intérieur. En effet, l’occidentalisation du Cambodge recouvre peu à peu l’histoire du génocide perpétré par les Khmers rouges. Sans donner de leçons à une génération “acculturée”, l’oeuvre explore avec justesse les lignes de fracture entre campagne et ville, parents et enfants. Le rêve devient une manière de faire face à la réalité dans un pays en (re)construction.

Raphaël Nieuwjaer

De Davy Chou, avec Sobon Nuon, Cheanick Nov, Madeza Chhem…


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