Home Exposition Jeanloup Sieff

En pleine lumière

Le Musée de la Photographie de Charleroi consacre une rétrospective à Jeanloup Sieff, disparu en 2000 à l’âge de 66 ans. Disposés chronologiquement, près de 180 de ses clichés dévoilent une oeuvre foisonnante, nous conviant au milieu d’une pléiade de stars, de modèles exaltant la beauté de la femme, de paysages lunaires… Voyage au coeur des années lumière.

On s’est tous un jour ou l’autre arrêtés devant une photographie de Jeanloup Sieff. Ses tirages en noir et blanc de mode, de sublimes derrières féminins (« la partie du corps la plus émouvante » disait-il) ou ses portraits des icônes du siècle passé restent ancrés dans notre histoire moderne. Citons ce cliché d’Yves Saint Laurent nu et assis en tailleur qui fit scandale en 1971, celui d’un Coluche songeur qu’on retrouva en « une » de Libération le jour de sa mort en 1986, ou encore de Serge Gainsbourg et Jane Birkin tendrement enlacés. Pour Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie, « Sieff, c’est le parfum d’une époque ». Celle des Trente Glorieuses, glamour et légères. Pour autant, ce baroudeur qui se prétendait « superficiel et frivole » aura à bien des égards révolutionné la photographie. Dans le cadrage par exemple : « il a imposé dès les années 1960 l’idée que le sujet principal ne devait pas nécessairement se situer en avant-plan ». Ainsi de cette jolie fille vêtue de la dernière mode, renvoyée derrière un garde espagnol à l’air menaçant…

Halo

Au-delà de sa maîtrise du grand angle, des volumes et de ses compositions géométriques parfaites (admirables dans cette photo prise en 1957 de Françoise Sagan assise dans son bolide), la « patte Sieff » s’incarne aussi dans ce halo blanc habillant ses sujets, tel Alfred Hitchcock poursuivant toutes griffes dehors un mannequin dans le décor de Psychose. Une auréole lumineuse obtenue après de longues heures en laboratoire et que l’on aperçoit dès 1959 autour des terrils qu’il capture dans le Borinage, lors d’un reportage immortalisant les mineurs belges. Celui-ci lui vaudra le prix Niépce, trois ans après un certain Robert Doisneau. Oui, « il faut beaucoup de talent pour offrir l’apparence d’un photographe léger ».

Julien Damien
Informations
Charleroi, Musée de la Photographie

Site internet : http://www.museephoto.be

10.12.2016>07.05.2017mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 2 € / gratuit (-12 ans)
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