Home Cinéma Fais de beaux rêves

La mort dans l’âme

Inspiré par le roman autobiographique du journaliste sportif Massimo Gramellini, Fais de beaux rêves raconte l’histoire d’un deuil au fil de trois décennies. Celui d’un petit garçon qui perd sa mère à 9 ans et reste hanté, une fois adulte, par ce passé qui ne passe pas. Après Sangue del mio sangue, Marco Bellocchio réalise une oeuvre forte sur le partage des émotions.

L’un des plus beaux longs-métrages de 2015 provenait aussi d’Italie et racontait déjà la disparition d’une mère. Mia Madre, de Nanni Moretti, nous confrontait à la mort au présent : à l’agitation des plateaux de cinéma, répondait le silence d’une chambre d’hôpital. à bien des égards, Fais de beaux rêves commence là où finissait Mia Madre. Chez Marco Bellocchio, il s’agit d’apprendre à vivre après la perte. Ou plutôt avec elle. C’est ce qu’il y a de si touchant dans Fais de beaux rêves. La fiction ne cherche pas à consoler ni à surmonter le deuil grâce à un « programme ». Au contraire, elle montre que la douleur persiste, se transforme dans le meilleur des cas.

Universalité

Le film ne se recroqueville pas non plus sur une souffrance individuelle. Là réside toute son intelligence. Bellocchio donne à son récit une ampleur bienvenue, n’hésitant pas à le confronter à l’Histoire dans ce qu’elle a de plus tragique. Pour exemple, cette scène où un photographe de guerre, en Yougoslavie, place le corps d’un enfant à côté du cadavre d’une femme, obtenant ainsi un cliché plus marquant. à travers cette marchandisation du pathétique, le cinéaste vise l’universalité via une expérience personnelle. Si le deuil est chose commune, il semble impossible à partager.

 

Raphaël Nieuwjaer

De Marco Bellocchio, avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino…

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