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Plus vraie que nature

On avait quitté Stéphane Brizé avec le très social La Loi du marché, mettant en scène un vigile de supermarché obligé de traquer de pauvres gens pour survivre. D’aucuns pourraient s’étonner de le retrouver avec cette adaptation d’Une vie de Maupassant. Mais ces films se rejoignent sur de nombreux points.

« Une vie a été initiée un peu avant La Loi du marché, nous apprend Stéphane Brizé. Ils ont le même thème : la fin des illusions ». L’argument ? Jeanne, 17 ans, quitte le couvent pour retrouver ses parents dans leur château de Normandie. Mais cette existence pleine de promesses s’avère décevante. Elle se marie avec un beau vicomte qui se révèle infidèle, son fils l’ignore, l’endette… Jeanne s’enfonce dans la dépression. « Parce qu’elle ne parvient pas à faire le deuil de ce paradis qu’est l’enfance. Elle s’engouffre dans l’âge adulte en s’accrochant à une vision idéale de la vie, c’est à la fois beau et tragique, analyse le cinéaste. Ça me touche, car j’ai moi-même connu cette douleur ».

Documentaire

Le parti-pris fut de raconter l’histoire en suivant Jeanne, en plan serré, éludant « toutes les scènes du roman qui ne la mettent pas en jeu ». Le récit s’affranchit aussi de la narration chronologique pour s’articuler autour de flashbacks. Les séquences oscillent entre tristesse du présent et insouciance du passé, nous rendant cette destinée d’autant plus émouvante. Saisie en lumière naturelle, présentée en format carré, l’oeuvre surprend par sa beauté et son réalisme. « J’ai tourné un film d’époque tel un documentaire, comme si les acteurs étaient des gens qui m’acceptaient chez eux avec une caméra ». On les quitte bouleversés, mais persuadés que la vie « ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit ».

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Julien Damien

De Stéphane Brizé, avec Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau… En salle

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