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Le mal de mer

Aiat Fayez n’est pas le premier dramaturge à mettre en mots l’immigration clandestine et la tragédie du commerce des êtres humains. Rares sont ceux, pourtant, qui osent donner la parole aux passeurs et à s’interroger, non sans dérision, sur leurs motivations. A découvrir au Théâtre de Poche dans une mise en scène inédite de la compagnie Hamadi.

Prendre le contre-pied de ce sujet si actuel, resurgissant dans les journaux au gré des naufrages en Méditerranée, n’est-ce pas une provocation ? « Lorsqu’il y a une convergence entre les politiques, les médias et les intellectuels, l’artiste se doit d’être vigilant, car il est le dernier rempart contre l’opinion commune, justifie l’auteur. Il existe une forme d’unanimité sur la figure du passeur, considéré comme le mal absolu. Mais le déshumaniser ainsi, c’est une façon pour les sociétés occidentales de se déresponsabiliser ! ». A travers son texte, bloc dense, étouffant, Aiat Fayez montre « comment ce type, qui n’est pas né passeur, en est arrivé là ». Pour cela, il place le début de sa pièce à Calais, dans ce camp retenant les réfugiés aux portes de l’Eldorado anglais et dont il exècre le surnom de « jungle » – « les étrangers sont-ils des animaux ? ». Le « monstre » y raconte, sans filtre, les cyniques formules « all-inclusive », l’incroyable organisation des intermédiaires d’un continent à l’autre. Mais aussi, grâce à des flashbacks, son enfance et ses aspirations : posséder, réussir… quitte à écraser tout le monde autour de soi. Si différent, vraiment ?

Marine Durand
Informations
Bruxelles, Théâtre de Poche
11.10.2016>29.10.2016mar > sam : 20 h 30, 18 > 1,25 €
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