Home Cinéma Juste la fin du monde

L’enfer, c’est les autres

Deux ans après avoir bouleversé la croisette avec Mommy, Xavier Dolan continue d’explorer les liens familiaux avec Juste la fin du monde, adapté de la pièce de feu Jean-Luc Lagarce. Un huis-clos où sentimentalisme et retour au bercail ne font pas bon ménage.

Louis, dramaturge renommé, débarque dans sa province natale pour annoncer à ses proches que ses jours sont comptés. Problème, entre lui et l’exubérante tribu, cela n’a jamais été le grand amour. Propulsé homme de la maison à la mort de son père, il avait délibérément tourné le dos à sa famille en privilégiant sa carrière. Ces retrouvailles dans cette maison de campagne renferment donc leur lot de ressentiments et de non-dits. À coups de plans serrés, le réalisateur québécois attire toute l’attention du spectateur sur les visages crispés plutôt que les dialogues. La tension est palpable, les regards fuyants étouffent les blagues potaches… Louis, campé par un Gaspard Ulliel tout en réserve, va mourir et il le sait. Annoncer sa (nouvelle) disparition, lui qui n’a jamais été là pour les siens, le tue métaphoriquement. Le casting cinq étoiles offre une belle exposition à ce drame qui se joue à portes fermées. Mention spéciale à Nathalie Baye et Marion Cotillard, criantes de justesse. L’une, mère-poule et moulin à paroles croulant sous le maquillage, l’autre, belle-sœur soumise et dévouée incapable d’aligner deux phrases sans s’excuser. Des personnages touchants qui vous rappelleront – juste – vos plus houleux repas de famille.

Mélissa Chevreuil

De Xavier Dolan, avec Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Nathalie Baye, Marion Cotillard… Sortie le 21.09

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