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Belle épine

40 ans !
La Rose des Vents, 2016 © S. Hubin VDN

La Rose des Vents célèbre ses 40 ans. En 1 450 spectacles, à raison de 130 représentations par an, cette Scène nationale s’est imposée comme un fer de lance en terme de création, en danse ou en théâtre. Tout ne fut pas si facile. Il lui a fallu résister, se réinventer… pour finalement trouver son identité, qu’elle doit beaucoup aux Belges.

Cet intrigant cube de béton fut l’un des premiers bâtiments à pousser dans ce qu’on appelait « la ville nouvelle », à l’époque au milieu d’un champ de betteraves – aux quatre vents, donc. Villeneuve d’Ascq est effectivement née de la fusion de trois villages : Ascq, Annapes et Flers. « Les élus voulaient un lieu d’animation, explique Didier Thibaut, directeur depuis 1988. Parallèlement, le centre dramatique de Tourcoing cherchait une salle de répétition. La Rose s’est construite autour de cette double idée… ». Les débuts furent toutefois laborieux. Malgré ceux qui s’offusquent de faire du théâtre à côté des vaches, le lieu est inauguré en octobre 1976. Le premier spectacle ? La Double inconstance, de Marivaux. Et d’inconstance, il sera beaucoup question… « L’état était hésitant, la région dans l’attentisme, c’étaient les débuts de l’aventure culturelle régionale. Il a fallu se battre jusqu’en 1982 ». à ce moment-là, la Rose devient centre d’action culturelle (avant de devenir Scène nationale en 1991) et ses ressources se stabilisent. Reste l’essentiel : lui trouver une identité artistique. Ça, ce sera l’affaire de Didier Thibaut.

Entrons dans la danse

Nous sommes au mitan des années 1990. Notre homme commence à s’ennuyer devant le théâtre contemporain français, qu’il juge trop « académique ». Il souhaite redonner « corps, au sens littéral du terme, à ce que l’on présente sur le plateau ». Il y injecte de la danse. Cette « bouffée d’air », il la trouve de l’autre côté de la frontière, auprès des Flamands et leur jeu « extrêmement engagé, physique ». La Rose a cette particularité d’être plus proche de Bruxelles que de Paris – « on est à côté de ce que j’appelle le triangle d’or de la création européenne ». Voilà comment surgissent Alain Platel, Wim Vandekeybus, Jan Fabre… « Cette explosion artistique extraordinaire en Flandres fut une chance pour cette maison, et explique ce qu’elle est devenue. Ces créateurs hors-norme nous ont ouvert au reste du monde ». Une « recherche de formes nouvelles, mêlant les disciplines », dont le festival Next demeure un étendard. Le cap ? « Montrer des spectacles improbables à un public tout aussi improbable ». Voilà qui ne manque pas de piquant.

Julien Damien

➤ La Rose des Vents
Bd Van Gogh, Villeneuve d’Ascq,
mar > ven : 13 h > 18 h 30,
un spectacle : 21 > 5 € (scolaires : 4 €), pass : 140 € (20 spectacles) > 36 € (3 spectacles, 30 € pour -30 ans), +33 (0)3 20 61 96 96, www.larose.fr

➤ Sélection :
In Spite of Wishing and Wanting, Wim Vandekeybus (29 & 30.09)
Iphigénie en Tauride, Jean- Pierre Vincent (05 > 09.10)
Réparer les vivants, Emmanuel Noblet (11 > 21.10)
Boussole, Emmanuel Noblet (16.10)
Nicht Schlafen / Projet Mahler, Alain Platel, Les Ballets C de la B (17 > 19.11)
Vive l’armée !, Superamas (18 & 19.11)
Alors que j’attendais, Mohammad Al Attar, Omar Abusaada (24 > 26.11)
NO51 My Wife got Angry and Deleted…, Teater NO99 (28 & 29.11)…


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