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Les choses de la vie

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Axel Oswith est doué d’un formidable talent : il est capable de débusquer de la beauté partout autour de lui, que ce soit dans un œuf, une petite cuillère, une poupée… Influencé par les surréalistes, cet Indonésien établi à Jakarta met en scène notre quotidien dans des compositions décalées et ultra-colorées. Rencontre avec un artiste qui bouleverse notre perception de l’ordinaire.

Depuis quand dessinez-vous ? Depuis l’enfance, l’art a toujours pris une part importante de ma vie. On m’y a sensibilisé très tôt dans la famille. Ma grand-mère jouissait de talent multiples. Elle pouvait se plonger dans la peinture comme dans l’écriture de poèmes, la confection de magnifiques broderies, de vêtements. Mon père quant à lui était dessinateur, je le regardais exécuter et peindre de magnifiques poissons dorés et des palmiers pour des cartes de vœux. Il m’a appris à croquer des objets de tous les jours, comme une cuillère, une fleur, une bougie, et à colorier aussi bien avec des crayons de couleur que des pinceaux. J’ai ainsi gagné mon premier concours national de dessin lorsque j’étais à la crèche !

Comment définiriez-vous votre art ? Je m’appuie sur notre vie quotidienne, mais visualisée sous un angle différent. Tout ce qu’il y a autour de moi m’inspire d’une manière ou d’une autre.   Influencé par les œuvres d’artistes surréalistes, je cherche à souligner la beauté des produits de consommation. Chaque petite chose est unique et belle si on la regarde avec un œil différent.

Lemon Heads

Lemon Heads

Quels sont vos sujets de prédilection ? Les œufs, les pilules, les poupées et le papier.

Comment travaillez-vous ? Les idées me viennent quand je suis sous la douche, c’est une sorte d’endroit sacré pour moi. Lorsque j’en retiens une, je peux passer 20 ou 30 minutes à imaginer la photo, les couleurs, envisager un plan général ou un portrait… Ensuite, je me lance à la recherche d’objets qui pourraient être utiles. Les supermarchés comme les magasins d’ameublement sont de bons endroits où fouiner. Puis, direction le studio où je passe une journée entière à créer, concrétiser mon idée (sous différents angles et perspectives). Enfin, j’aborde la post production, où je retouche l’image à l’aide de logiciels comme Adobe Lightroom et Photoshop.

D’où viennent les images que vous utilisez ? Je prends mes photos avec un appareil reflex numérique ou avec mon iPhone.

Combien d’éléments utilisez-vous pour concevoir une image ? Tout dépend de l’idée. Parfois deux, comme pour Afternoon Delight ou trois, pour Lemon Head. Ces temps-ci, je cherche à créer des images avec un seul élément, comme pour la série Paper Study.

Que voulez-vous exprimer à travers vos créations ? Inspiré par des artistes tels que Jeff Koons, Magritte ou Oldenburg, mon travail revendique la tolérance et l’ouverture. Il embrasse son environnement, invente des connexions et stimule nos sens.

Par exemple, cette image baptisée Eggs and Legs, comment l’avez-vous élaborée? Qu’est-ce qui l’a inspirée ?  J’ai ici tiré mon inspiration du travail de Wayne Thiebaud (ndlr: un peintre américain). J’étais fasciné par sa sélection d’objets, sons sens de la composition, son arrière-plan immaculé et la liaison entre tous ces sujets formant une image certes simple, mais des plus surprenantes. Eggs and Legs pourrait vouloir dire tout et n’importe quoi, il est ouvert à l’interprétation de tous.

Eggs and Legs

Eggs and Legs

Comment choisissez-vous vos couleurs ? La plupart des œuvres populaires arborent des couleurs vives, tels des champs de fleurs jaunes, des prés verts et le ciel bleu. Selon moi, elles apportent de la joie et de l’espoir au spectateur. La beauté est importante, elle redonne espoir lorsqu’on est confronté à des problèmes terribles.

Quelles sont vos influences artistiques ? On pense à René Magritte devant certaines de vos créations… C’est le meilleur ! J’en suis fan depuis que je suis au collège. Je me souviens d’avoir imprimé Le Fils de l’homme pour réaliser la couverture de mon carnet de notes. J’aime la façon dont il interprète et réorganise le réel. J’admire également Jeff Koons. Ses couleurs vives et joyeuses, ses installations lisses et brillantes mettent du baume au cœur.

 

A LIRE : LE PORTRAIT D’AXEL OSWITH

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© Thomas Jean