Home Portrait Julien Gosselin

2666

(c) Simon Gosselin

Salué pour son adaptation des Particules élémentaires de Houellebecq, Julien Gosselin dévoile à Valenciennes sa dernière création : 2666. Toujours accompagné de sa troupe « Si vous pouviez lécher mon cœur », le metteur en scène de 29 ans s’attèle à un projet hors-norme, qui s’étale sur 12 heures et redéfinit le concept d’œuvre totale.

Les Tibétains ont une expression pour ça. Ils disent : « quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper ». C’est un peu ce qui nous est venu à l’esprit quand on a appris que Julien Gosselin s’attaquait à 2666, roman inachevé du Chilien Roberto Bolaño paru en 2004, après sa mort. Un pavé de 1 400 pages découpé en cinq parties autonomes mais liées entre-elles. On y suit un mystérieux écrivain, un universitaire qui se prend pour Marcel Duchamp, un journaliste qui enquête sur des meurtres de jeunes femmes au Mexique… Un labyrinthe dans lequel on n’est finalement pas surpris de trouver Julien Gosselin. Avant lui, en effet, personne en France n’avait osé porter sur scène Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, autre fresque réputée inadaptable. On connaît la suite : une claque lors du Festival d’Avignon en 2013, cinq nominations aux Molières, un succès critique et public.

Défi – Bref, le natif d’Oye-Plage aime les défis. « C’est vrai, mais ce sont surtout mes goûts littéraires qui me dirigent vers ces œuvres-là ». C’est-à-dire des « romans-monde » qui embrassent une multitude de récits, de lieux, d’époques… « Après Les Particules j’avais besoin de trouver une matière au moins aussi ambitieuse, si ce n’est plus ». Ce sera donc 2666, qui mêle histoires d’amour, réalisme magique, polar… pour autant de thèmes abordés : la fin des utopies, la sauvagerie de l’Histoire et, surtout, « le combat que se livrent violence et littérature », selon cet ancien de l’école du Théâtre du Nord. « Plus j’avançais dans le roman et plus je me disais qu’il était impossible à adapter, en tout cas par moi. C’est finalement ce qui m’a poussé à le faire ». Le défi, toujours.

Belles lettres – En résulte un spectacle d’une demi-journée, car « l’épaisseur du roman doit être ressentie par le spectateur. Il s’agit de pénétrer un monde, ça ne peut se réaliser que dans la durée ». Paradoxalement, le 6e art jouit de cet avantage par rapport au cinéma : « il permet de gérer le temps, de le ralentir ou l’accélérer ». La longueur de la pièce dépend aussi de la vision de la mise en scène. Le Nordiste, qui est avant tout venu au théâtre « par la littérature », respecte en effet grandement le texte, sa structure, ses personnages… lui restant fidèle comme l’était son adaptation des Particules. Ici, dans 2666, « il y aura donc cinq spectacles », conjuguant jeu d’acteurs, musique et vidéo. « Cette transdisciplinarité est une évidence pour moi : adapter des œuvres comme celle-ci nécessite un maximum d’armes pouvant former un univers rapidement ». Après trois semaines de travail au Phénix de Valenciennes, auquel ils sont associés, et deux représentations en avant-première, Julien Gosselin et sa troupe s’envoleront pour Avignon, où ils sont désormais attendus.

Julien Damien
Informations
Valenciennes, Le Phénix

Site internet : http://www.lephenix.fr

18.06.201613 h > 01 h 30, 22 > 9 €
25.06.201613 h > 01 h 30, 22 > 9 €
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