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Chasse à l’homme

Le Désert de Sonora est une étendue (mortelle) de sable séparant le nord du Mexique du sud des Etats-Unis. Un no man’s land que traversent chaque jours des centaines de refugiés sud-américains tentant de rejoindre le nouveau monde. C’est là bas que Jonas Cuarón a posé sa caméra pour signer ce déchirant Desierto.

Pour son premier film, le fils prodige d’Alfonso Cuarón (réalisateur de Gravity) dépeint un drame humain. Et met en scène la quête d’un groupe de migrants prêts à risquer leur vie pour atteindre « la terre des libertés ». A leur tête, Moises (Gael Garcia Bernal), père de famille téméraire affronte une nature des plus hostiles. Et doit aussi  échapper à Sam (Jeffrey Dean Morgan, Negan dans The Walking Dead), un redneck surarmé bien décidé à faire couler le sang des clandestins. Rapidement, les corps s’amoncellent et ne restent plus que Moises et une jeune femme qu’il devra protéger.

Mère vengeresse – Plus qu’à un sujet politique brûlant, le cinéaste mexicain s’attaque à une thématique chère au septième art : celle de l’homme face à la nature. Affectionnant le plan général, Jonas Cuarón expose ici l’immensité d’un paysage, certes sublime, mais aussi meurtrier que la border patrol. Aride, le désert ne fera aucun cadeau à Gael Garcia Bernal. Ce décor devient un personnage à part entière. A la manière du cultissime Délivrance de John Boorman, il pousse notre héros dans ses retranchements. Et il n’est pas le seul.

Trump – Décidément très à la l’aise dans les rôles de grands méchants, Jeffrey Dean Morgan campe ici un homme à la cruauté sans… frontière. Symbole d’une Amérique Trumpienne ayant troqué ses idéaux contre des fusils à pompe, l’acteur incarne un personnage volontairement simpliste. Témoin de notre siècle, Cuarón oppose sa vision du bien à celle qu’il se fait du mal sans nuancer son propos. Engagé, il livre ainsi un plaidoyer radical pour l’ouverture des frontières, et contre cet acharnement à chasser ceux qui ne demandent qu’à (sur)vivre. Plus qu’un simple thriller, Desierto est une claque cinématographique qui, sans être révolutionnaire, a le mérite de saler une plaie toujours ouverte.

Sonia Abassi

Woodkid à la baguette

L’ambiance poisseuse de Desierto est soutenue par une B.O. magistrale signée Woodkid. L’artiste français compose une œuvre qui traduit la mélancolie du héros. Sans oublier d’y apporter une lueur d’espoir. Comme il le chante dans Land Of All, il s’agit de « briser le mur qui pousse autour de vous pour voir la terre de chacun »…

 

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