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Frères de sang

Diaphana

Pour son premier long-métrage, le jeune réalisateur Robin Pront, 29 ans, signe un thriller sombre et suffocant sur fond de misère sociale. Une démonstration supplémentaire de la bonne santé du cinéma flamand, qui s’exporte au-delà de la frontière linguistique.

Berchem, quartier déshérité d’Anvers. Kenneth, un colosse psychopathe, sort d’un long séjour en prison suite à un cambriolage foireux. Son jeune frère Dave tente de le remettre dans le droit chemin, tout en lui cachant sa liaison avec son ex petite-amie, Sylvie (Veerle Baetens, héroïne d’Alabama Monroe). L’instabilité de l’ancien taulard, désormais employé dans un car-wash poisseux, entraînera la fratrie dans un road trip aux tréfonds des Ardennes belges… Barakis sauce flamande – À l’image de Bullhead, autre réussite du cinéma flamand, D’Ardennen (Les Ardennes) tisse son intrigue au sein des décors industriels du plat pays, dans une esthétique lugubre où l’image révèle une composition chirurgicale. Robin Pront a travaillé trois longues années sur un scénario où se côtoient des personnages malsains aux vies brisées, davantage adeptes des salles de musculation et des discothèques malfamées que des cafés-concepts raffinés des cités flamandes. Rythmé par une bande originale composée de classiques de la « trance » belge des années 1990, le film tient en haleine le spectateur jusqu’au générique. Difficile de ne pas penser au Fargo des frères Coen, pour lesquels le cinéaste ne cache d’ailleurs pas son admiration. Véritable succès dans le nord du pays, D’Ardennen y a largement passé le cap des 150 000 entrées. Il est déjà promis à une distribution outre-Atlantique où il fera même l’objet… d’un remake.

Julien Collinet
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(c) Michael Crotto / Gaumont