Nawell Madani
Les maux pour rire
A 32 ans, Nawell Madani a déjà plusieurs vies derrière elle. Danseuse, chorégraphe, animatrice télé… La jeune humoriste a fait du chemin avant d’exploser, en 2011, sur la scène du Jamel Comedy Club. La voilà avec un premier spectacle, C’est moi la plus belge !, et des projets plein la caboche. Rencontre.
Comment définir votre humour ? J’aime le comique d’observation, rire de moi et tourner les choses du quotidien en dérision. Ainsi, ce qui est personnel devient universel. Même des instants de galère peuvent devenir de grands moments de comédie.
Pourtant, votre vie n’a pas démarré de la plus drôle des façons : à deux ans vous êtes tombée dans une friteuse, la tête la première. Brûlée au 3e degré, en partie chauve, vous avez essuyé quelques moqueries… Oui, et cela a forgé mon caractère. Ma mère me disait toujours « la meilleure défense c’est l’attaque » ! Il fallait scruter les défauts des enfants qui se moquaient de moi afin d’avoir le mot juste pour les désarmer. Elle m’a initiée à la vanne et à l’autodérision. Un peu à la manière d’Eminem dans 8 Mile en pleine battle… Une fois que je me suis traitée de chauve, qui va le faire ?
Vous avez d’abord été chorégraphe, n’est-ce pas ? Oui, pour des artistes connus qui eux-mêmes me disaient de me lancer dans l’humour ! Pendant que mes danseuses étaient sur scène, je faisais le clown en coulisses.
Comment êtes-vous devenue humoriste ? J’ai pris des cours de comédie parallèlement à la danse. Ma coach m’a poussée à monter sur les planches. Certes, je pouvais faire rire mes potes mais pas forcément une salle remplie d’inconnus… Finalement j’ai suivi un ami lors d’une une scène ouverte dans la salle parisienne du Pranzo. Je me suis dit : « si ça marche je continue, sinon j’oublie ». Je m’en souviendrai toute ma vie. J’y ai mis tout mon cœur et le public a suivi. Sûrement parce que j’y suis allée sans réfléchir !
Que retenez-vous de votre passage au Jamel Comedy Club ? Je l’ai vécu comme une formation accélérée. C’est le meilleur endroit pour apprendre le stand-up. Comme au foot, je me suis retrouvée au milieu tous ces mecs talentueux, sur le terrain depuis des années, et j’ai dû me battre pour obtenir ma place.
On vous taxait vos vannes en coulisses ? Tout le monde le fait. C’est dur mais c’est le métier qui veut ça. Il est commun chez les humoristes français de traduire les blagues de comiques américains et de se les approprier ! On m’a piqué mes vannes plus d’une fois juste avant de monter sur scène et je me retrouvais comme une conne.
Votre spectacle s’intitule C’est moi la plus belge ! Mais qu’est-ce qu’être belge ? Ne pas se prendre au sérieux, c’est rire de soi avant que les autres ne le fassent, pratiquer l’autodérision. Les Belges s’amusent de leur accent, des blagues pourries qu’on raconte sur eux. On a plus de mal à plaisanter sur les Français, nettement plus susceptibles (rires).
Vous qualifiez vos spectacles de « Sketchup », pourquoi ? Parce que c’est un mélange de sketchs et de stand-up. Sur scène je peux camper un personnage avec un texte très écrit, sans interpeller le public. Et de temps en temps je reviens au stand-up, j’improvise, interroge la salle. C’est du spectacle vivant, il faut se laisser embarquer. En étant sur le fil du rasoir, on est plus souvent touché par la grâce !
Une démarche rappelant celle du hip-hop… C’est vrai. Ma sœur adhérant à la Zulu Nation, j’ai baigné dans cette culture. Quand j’ai voulu m’impliquer, on ne m’a pas demandé si j’étais grosse ou mince, noire ou blanche ! Avec le hip-hop, tu n’as pas besoin d’argent, juste du bon son, un baggy, un tee-shirt large et c’est fait. Sur scène j’essaye d’insuffler cet esprit positif, fondé sur le partage, en y intégrant de la danse et de la musique. Je ne joue pas pour des Arabes, des Belges ou des Français, mais pour tout le monde. Je me dis que si on peut rire ensemble, alors on peut vivre ensemble.
Etes-vous intéressée par le cinéma ? Oui, j’ai écrit un premier film que je co-réalise. Il s’appelle C’est tout pour moi, l’histoire d’une jeune fille délaissant le cocon familial pour vivre son rêve à Paris. Elle se déchire avec son père et n’attend qu’une chose : qu’il vienne l’applaudir. Et en juin je tournerai avec Philippe Lacheau (Babysitting, ndlr).
Avez-vous d’autres projets ? J’essaie de monter un festival d’humour en Algérie. Je tente aussi de créer un plateau radio exclusivement féminin pour y parler hip-hop, humour… Le théâtre est également dans ma ligne de mire, je souhaiterais monter une pièce.
Ouvrez les vannes !
Ils sont cyniques, absurdes, désabusés ou poétiques. De la drague lourdingue aux attentats en passant par les pingouins, ils n’épargnent aucun sujet. Ces quatre valeurs sûres de la gaudriole arrivent près de chez vous. On a bien besoin d’eux en ce moment…