Home Best of Interview Pauline Aubry

Une case en plus

©Ariane Geffard

Le trait frise la caricature, la palette de couleurs est limitée mais le dessin est efficace. Pauline Aubry s’est fait remarquer avec Les Mutants. Une BD entre crises d’angoisse, points noirs et bleus à l’âme, mais servie par un ton drôle et léger.

 Quel est le sujet de votre album ? Je me suis intéressée aux problèmes psychiques des jeunes pour qu’on arrête de les prendre pour des extra-terrestres. J’y ai ensuite apporté une expérience personnelle via des ateliers que j’ai menés dans une institution avec des adolescents.

Comment avez-vous trouvé votre style ? Difficilement ! Je n’étais pas très douée en dessin. Mais j’aime raconter des histoires. Il a donc fallu que je développe ma propre technique pour y arriver. C’est-à-dire ? Au début, je visais un certain réalisme. Puis, on m’a suggéré de travailler à la plume sur une table lumineuse et ce fut la révélation ! J’ai allégé les traits, retiré les cases. En épurant mon travail, j’ai réalisé que la couleur n’a pas besoin d’être narrative. J’ai donc limité ma palette à trois tonalités.

Comment concevez-vous une exposition BD comme celle que vous avez présentée lors du festival d’Angoulême ? En évitant de présenter uniquement des planches. En montrant comment je me suis construite en tant qu’adolescente dans les années 1990. Pour cela, j’ai rassemblé des photos d’amis, mes agendas, les petits mots qu’on s’échangeait en classe. Il y avait aussi une bande-son de l’époque. C’est vraiment la question au cœur du livre : en quoi l’adolescence consiste-t-elle ?

Qu’avez-vous pensé de la polémique liée à la sous-représentation des dessinatrices dans la sélection officielle à Angoulême ? Le milieu de la BD est-il sexiste ? Je n’ai pas ce sentiment. Cette polémique s’est construite sur des raccourcis. Parmi les auteurs sélectionnés il y avait des femmes. C’est vrai qu’on imagine le bédéaste comme un geek qui porte des t-shirts et des jeans sales et réalise des BD de motards. Mais des auteures comme Marion Montaigne, Pénélope Bagieu ou, avant, Bretécher, bousculent largement ce cliché.

Y a-t-il un humour féminin ? Je ne pense pas. Marion, par exemple, cultive un humour unisexe. Et allez faire un tour du côté de Lisa Mandel, c’est trash ! Certes, Pénélope développe un univers plus « girly », mais je ne pense pas qu’il y ait de différences… En tout cas, on est tous très mal payés !

 

A LIRE : CES DRÔLES DE DAMES

Propos recueillis par François Annycke


A Lire / Les Mutants, Les Arènes, 136p., 20€

A visiter / www.polettedessine.com

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